Présidentielle 2022

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) : « La T2A, c'est le poison de l'hôpital public ! »

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Publié le 25/02/2022

Hostile au passe vaccinal, le candidat de Debout la France condamne l'« étatisation malsaine de la santé ». Il défend la consultation à 30 euros, des incitations massives pour s'installer en zone sous-dotée, la fin de la tarification à l'activité et des ARS !

Dupont-aignan

Crédit photo : AFP

LE QUOTIDIEN : Si vous arrivez au pouvoir, quelle sera votre première mesure pour la santé ?

NICOLAS DUPONT-AIGNAN : Ma première mesure, c’est bien sûr la suppression totale du passe vaccinal et, par ailleurs, le retour de la liberté de prescription des médecins qui me paraît fondamentale. Cette crise sanitaire a révélé une étatisation malsaine de la santé. Pourtant cette liberté est inscrite dans le serment d’Hippocrate. Ma deuxième mesure urgente sera de supprimer la tarification à l’activité.

Que reprochez-vous à la tarification à l’activité ?

C’est le poison de l’hôpital public ! Sans suppression de la tarification à l’activité, le personnel ne reviendra pas à l’hôpital. On dégoûte les soignants à travers la T2A, mise en place de manière totalement artificielle et complètement absurde. Je prends l’exemple dans mon hôpital de Villeneuve-Saint-Georges : des lits d’urgences pédiatriques ont été fermés car ils ne rapportaient pas assez par rapport à ce qu’ils coûtaient à cause de cette tarification. Les urgences ne sont pas rentables, c’est pour ça que l'on a si peu de lits.

Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas maîtriser les dépenses mais je proposerai plutôt un système de budget multicritère, attribué à chaque hôpital, avec un plan pluriannuel. De plus, je supprime les ARS [agences régionales de santé] et je les remplace par des directions départementales des affaires sociales, qui connaissent le terrain.

Par quels moyens comptez-vous faire revenir les soignants à l’hôpital ?

Si on met fin à la T2A, si on redonne du pouvoir aux médecins en établissant une gouvernance vraiment paritaire et si on revoit les conditions de travail, l’hôpital redeviendra attractif. Je compte mettre 10 milliards d'euros par an supplémentaires dans la santé, avec notamment pour objectif de rouvrir un établissement de santé – hôpital ou maternité – dans chaque département.

Nous allons recréer ensuite 20 000 lits sur 5 ans, ce qui représente quasiment ce qui a été supprimé par Emmanuel Macron. Je souhaite que le nombre de lits de réanimation soit doublé pour anticiper d’éventuelles futures épidémies. Le coût de ce doublement est de 2,5 milliards d’euros, c’est l’équivalent d'un tiers du budget annuel de tests Covid aujourd’hui ! On voit bien le délire dans lequel on est. La folie du court-termisme s’est emparée de notre pays. Depuis les années 2000, notre système de santé a été détruit et, en même temps, on a toléré des milliards de gaspillages. Je veux mettre fin à ce gaspillage et rendre l’argent aux infirmières, aux médecins.

En ville, quelles sont vos propositions pour lutter contre la désertification médicale ?

Déjà, j’augmente le numerus clausus pour monter à 12 000 médecins formés l’année prochaine, puis 15 000. Ensuite je mets en place ma mesure la plus symbolique : à partir de la 5e année d’étude, je souhaite offrir un vrai Smic à tous les externes qui accepteraient de s’installer ensuite, pendant leurs cinq premières années, dans une zone sous-dotée. C’est une bourse exceptionnelle, sous forme de contrat d’engagement. Tout doit reposer sur le volontariat car sinon nos étudiants partiront à l’étranger.

Êtes-vous en faveur d’une revalorisation de la consultation ?

Il faudrait le faire et passer à 30 euros, c’est évident ! Mais pour commencer, je préfère utiliser ces moyens pour inciter les médecins à aller en zones sous-dotées. Pour cela, je veux réduire les cotisations Urssaf des praticiens qui s’installeront dans les déserts médicaux. L’idée est de mettre en place une énorme "carotte". Nous avons chiffré à un milliard d’euros cette baisse de cotisations et la bourse pour les étudiants.

Mais en attendant, que proposez-vous pour retrouver rapidement une offre médicale sur tout le territoire ?

Il y a le feu ! Il est inconcevable qu'avec autant de dépenses de santé et d’impôts, nous revenions à la préhistoire en matière de soin. À l’ère du TGV et du télétravail, je pense que c’est davantage au médecin de se déplacer qu’au patient. Je trouve ça délirant qu’on déplace les malades alors que les médecins pourraient, deux ou trois jours par semaine, faire des vacations dans des petites sous-préfectures, avec encore une fois une incitation financière. Nos médecins ne sont pas des monstres, s’ils gagnent un peu plus d'argent et, en même temps, rendent service au pays, ils le feront.

Vous mettez un point d’honneur à ce que la formation des étudiants en médecine soit « indépendante des lobbies pharmaceutiques ». Pourquoi ?

Je trouve que cette crise du Covid a montré à quel point l’industrie pharmaceutique avait perverti les esprits. Il faut arrêter l’intrusion des laboratoires privés dans les études de médecine. La crise a profondément atteint la crédibilité de la science, liée à cette confusion des genres. Je propose qu’on arrête le financement des congrès par l’industrie pharmaceutique et que les congrès de spécialités soient financés par des fondations, par exemple. C’est la crédibilité des médecins qui est en jeu ! Pour moi, il y a deux dangers pour la médecine : d’une part, l’État qui n’a pas à dicter aux médecins leur conduite, et d’autre part les laboratoires qui n’ont pas à les influencer.

Léa Galanopoulo

Source : Le Quotidien du médecin