IL N’ÉTAIT PAS envisageable de vouloir diminuer la toxicité mitochondriale des antirétroviraux sans que ne soit décrite la structure atomique précise de l’enzyme pol gamma. C’est donc une étape biochimique indispensable que viennent de franchir des chercheurs de l’université du Texas en la caractérisant. En raison de similitudes avec certaines régions du VIH, l’enzyme cellulaire pol gamma interagit en effet avec les thérapies antirétrovirales. Une fois à leur contact, elle peut incorporer les antirétroviraux dans le génome mitochondrial, cette enzyme étant impliquée dans la réplication de cet ADN maternel. Ce processus de duplication s’en trouve alors perturbé, mettant en péril le bon fonctionnement mitochondrial. Les conséquences peuvent aller de la simple nausée à la défaillance d’organe.
L’identification précise biochimique de l’enzyme va pouvoir permettre de sélectionner des médicaments moins toxiques. Avec une région de structure en commun et beaucoup d’autres dissemblables, le VIH et l’enzyme pol gamma se ressemblent comme... des faux jumeaux. « Ces deux cibles des antirétroviraux présentent des similitudes et des différences », explique le Pr Whitney Yin, principal auteur de l’étude. Pour concevoir de nouveaux antirétroviraux, « on sait qu’il ne faut rien changer au récepteur interagissant avec la région commune, il faut au contraire exploiter et mettre en avant les régions différentes pour gagner en spécificité antivirale ». En mettant au point des antiretroviraux se liant spécifiquement au VIH et n’interférant plus avec l’enzyme cellulaire, on espère ainsi améliorer la tolérance médicamenteuse. Cette découverte aura de plus un impact dans la compréhension de différentes maladies dégénératives dues à une mutation de pol gamma, dont le syndrome d’Alper, certaines épilepsies et encéphalopathies.
Cell, édition en ligne du16 octobre 2009.
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