PORT-AU-PRINCE, encore jonchée de gravats, prend lentement le chemin de la reconstruction. L’ensemble des acteurs accourus au chevet du pays le plus pauvre du continent américain s’accordent pour insister sur les progrès accomplis depuis 2 ans. « Il ne faut pas renoncer à Haïti. C’est un mythe de dire qu’il n’y a pas eu de reconstruction », a déclaré le représentant spécial adjoint du secrétaire général pour Haïti, Nigel Fischer, au siège de l’ONU. Les Nations-Unies et leurs partenaires ont déblayé plus de 50 % des décombres, construit environ 7 000 foyers par mois, et 300 000 emplois temporaires ont été créés, dont 40 % ont été attribués à des femmes. Le nombre de sans-abri a diminué de moitié. Au lendemain du séisme, jusqu’à 1,5 million de Haïtiens dormaient dans la rue. Aujourd’hui, l’Organisation internationale pour les migrations recense 520 000 personnes dans les 707 camps de fortune. Les épidémies de choléra d’octobre 2010 et mai 2011, qui ont infecté plus de 520 000 personnes et causé la mort de 7 000 d’entre elles, ont en outre relancé l’aide d’urgence.
Les organisations non-gouvernentales (ONG) françaises, qui ont constaté un élan de générosité sans précédent, n’ont pas été pas en reste dans l’effort international. La Fondation de France a collecté 33 millions d’euros de dons, dont 25 millions ont été attribués à 164 projets menés par des associations sur place (ATD Quart-monde, action contre la faim, handicap international...). La Croix-Rouge a reçu 35,2 millions d’euros de dons. Près de 27 millions ont servi à l’amélioration des conditions de vie, et à la création d’abris pour 20 000 personnes. Médecins du Monde a dépensé 19 millions des 24,1 millions d’euros recueillis dans le système de santé : l’organisation a comptabilisé l’an dernier plus de 250 000 consultations et actes chirurgicaux dans le pays, ce qui représente 4 000 consultations par semaine. De son côté, Médecins sans frontières (MSF) a apporté des soins à 358 000 personnes, réalisé 16 570 opérations chirurgicales et 15 100 accouchements sur une période de 10 mois et soigné 170 000 malades du choléra.
Accès aux soins.
Aujourd’hui, les projets fourmillent et l’urgence recule. Mais rien est moins évident que de dresser un tableau exhaustif de la situation sanitaire. « Il est très difficile de savoir si tous les besoins sont couverts, même si beaucoup a été fait », reconnaît la présidente de MSF, le Dr Marie-Pierre Allié. Surtout, l’état désolant du pays avant le séisme ne permet pas la comparaison. « On ne peut pas s’attendre à retrouver ce qui n’existait pas avant. Nous reconstruisons sur des bases fragiles en termes de politique, d’économie, d’infrastructures, de santé et d’éducation », insiste le Dr Olivier Bernard, président de MDM, association présente en Haïti depuis 20 ans.
Le défi principal est dès lors d’assurer l’accès aux soins des plus démunis, défi d’autant plus exigeant qu’avant le tremblement de terre, le système sanitaire suivait une pente libérale de privatisation. Dans cette perspective, MSF, présent dans 5 structures de santé, a notamment ouvert l’hôpital de Sarthes, à proximité des bidonvilles de Drouillard et Cité Soleil, au nord de Port-au-Prince. Cette structure de 208 lits accueille les urgences médicales et chirurgicales, provoquées essentiellement par les accidents de la route et la violence, ainsi que les grands brûlés. « Ce sont des soins gratuits car la plupart n’ont pas la possibilité de payer des structures privées de soins ou d’accéder aux hôpitaux publics, parfois vides de personnel. Or il faut s’occuper des diabétiques ou des urgences obstétriques ou orthopédiques », précise le Dr Marie-Pierre Allié. Située en zone défavorisée, la structure n’a pas fixé de date limite à son existence et ne devrait pas partir de sitôt.
MDM pratique aussi la gratuité des soins et plaide pour la pérennisation de ce système pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. « Cibler les populations particulièrement vulnérables est un premier pas vers une offre de soins équitable », soutient le Dr Olivier Bernard. Parallèlement, MDM concentre ses interventions vers les zones rurales, la région goavienne et Grande-Anse, où les Haïtiens sont formés, entre autres, à la prévention et au traitement du choléra, devenu endémique.
Les organisations, optimistes, déclarent « travailler main dans la main avec le gouvernement ». « Les conditions sont réunies pour avancer, il faut offrir les conditions favorables d’exercice aux professionnels haïtiens et valoriser leur savoir-faire », avance le président de MDM. Mais en attendant un système de santé publique efficace en terme d’accès aux soins, les ONG devraient rester en Haïti.
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
L’orchestre symphonique des médecins de France donne un concert « émouvant » en hommage aux victimes du cancer du sein