LE QUOTIDIEN - UNITAID a réussi à négocier de fortes baisses des prix des médicaments. Concrètement comment cela se passe-t-il ?
Une de nos missions est d’améliorer l’accès aux médicaments et aux tests de diagnostic. Prenons le cas du paludisme, nous avons réussi à transformer l’accès aux combinaisons à base d’artémisinine (ACT). Nous avons financé un tiers de l’accès à ces médicaments au cours des 4 dernières années. Au début, un seul laboratoire pharmaceutique, Novartis fabriquait le médicament aujourd’hui, ils sont sept dont Sanofi et des génériqueurs. Nous avons réussi à faire baisser les prix. Les ACT sont aujourd’hui accessibles à 50 centimes d’euros pour un traitement chez l’enfant et à 1 euro chez l’adulte. Mais il n’y a pas que le coût des traitements. Nous avons contribué à ce que des doses fixes combinées soient disponibles et accessibles. Avant on ne disposait que de co-blisters avec le risque que les patients ne prennent pas complètement leur traitement. Enfin, il n’y avait pas de formes pédiatriques alors qu’un cas sur 2 de paludisme dans le monde concerne des enfants. Grâce à UNITAID, des formes pédiatriques existent désormais. Au final, UNITAID a permis d’augmenter la capacité de production, la qualité des traitements, leur adaptation avec les formes pédiatriques. Voilà un résultat concret de ce que nous pouvons faire et avons contribué à faire.
Une des progrès notables qu’a permis UNITAID est notamment l’accès aux formes pédiatriques ?
Nous partons toujours d’une analyse systématique de la situation afin de définir quel est le problème et déterminer les interventions qui vont aider à l’améliorer. Nous nous sommes aperçus que d’une manière générale pour les 3 grandes maladies, il n’existait pas de formulations pédiatriques. Cette situation s’explique parce que dans chaque pays, un petit nombre d’enfants sont concernés. Il y a donc peu de volume. En mettant ensemble tous les besoins des pays, nous pouvons mieux négocier avec les partenaires et les fabricants pour faire baisser le prix et avoir des formules plus adaptées au besoin des patients. Nous avons décidé, pour les formes pédiatriques pour le VIH par exemple, de financer le projet à hauteur de 400 millions de dollars. Nous avons ensuite lancé un appel d’offres international sur la base des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Nous avons travaillé avec la fondation Bill Clinton. D’une manière générale nous nous associons à des partenaires comme le Fonds mondial, l’UNICEF, la Fondation Clinton, ESTHER ou le DNDI, l’alliance pour les maladies négligées.
Nous venons de signer un accord avec le DNDI pour une nouvelle formulation pour des traitements de deuxième ligne chez l’enfant qui vont être recommandés dans quelques semaines par l’OMS. Aujourd’hui, le traitement (lopinavir/ritonavir) n’existe que sous forme de sirop, des solutions alcoolisées peu adaptées au nourrisson. Nous travaillons à une formulation sous forme de graulés qui vont pouvoir être administrés de façon simlple dans l’eau ou la nourriture. Cette forme pédiatrique devrait être disponible en Afrique dans deux ans. C’est très important car dans ces pays la prévention de la transmission mère-enfant n’est pas optimale et les enfants continuent à être infectées.
La mise à disposition de nouveaux outils de diagnostic est aussi un objectif d’UNITAID. La technologie peut-elle améliorer la qualité des soins ?
Nous travaillons sur le sujet depuis 4 ans. Aujourd’hui ce type de besoin est reconnu mais ce n’était pas le cas au début. Lorsque nous nous sommes intéressés à la charge virale, il y a eu beaucoup de scepticisme de la part des grandes organisations internationales y compris de l’OMS ou de l’ONUSIDA qui pensaient que c’était trop cher, trop compliqué et pas adapté aux pays africains. Ce même scepticisme a aussi existé pour les traitements. Aujourd’hui plusieurs projets sont en cours avec MSF, l’UNICEF ou la fondation Clinton. L’OMS
s’apprête à faire des recommandations pour un suivi des patients plutôt au moyen de la charge virale que par la mesure des CD4. Nous poussons à la mise au point de tests qui peuvent être utilisés en dehors de l’hôpital. Ce sont des systèmes miniaturisés de la taille d’une boîte à chaussure avec de l’électronique et un téléphone portable qui permettent de donner un résultat au bout de 45 minutes et pourront utiliser l’énergie solaire dans les endroits où il n’y a ni électricité et ni eau. La technologie peut aider à résoudre les problèmes de prise en charge grâce à des outils robustes qui résistent aux conditions hostiles (humidité, chaleur, poussière...), « la landrover de la charge virale » et peuvent être utilisés par des non spécialistes. Ce type de tests existe déjà pour les CD4 et ils seront disponibles l’année prochaine pour la charge virale.
Photo UNITAID (cliquer sur l'infographie pour l'agrandir)
Le sida reste un enjeu important. De plus en plus de personnes devront être traitées, UNITAID peut-il être la solution ?
L’OMS s’apprête à publier de nouvelles recommandations et on estime qu’il va falloir traiter 25 millions de personnes sur 33 millions de personnes vivant avec le VIH. Aujourd’hui on estime que 9 millions bénéficient d’un traitement. Pour parvenir à cet objectif, il faudra des produits de qualité, efficaces, bien tolérés et aux coûts les bas coûts. Nous ne pourrons pas disposer de fonds toujours en augmentation. Il faudra faire mieux avec les mêmes financements. La baisse des coûts bénéficie à tous, aux opérateurs tels que le Fonds mondial ou PEPFAR mais aussi aux pays eux-mêmes. Certains financent déjà l’accès aux soins. C’est le cas de l’Afrique du sud pour le VIH ou la tuberculose.
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