Aspirine en prévention primaire

Aucun bénéfice validé

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Publié le 01/12/2016
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L’étude Japanese Primary Prevention of Atherosclerosis (JPAD) est un essai thérapeutique contrôlé conduit en ouvert chez 2 539 patients japonais ayant un diabète de type 2, sans maladie cardiovasculaire, et randomisés pour avoir soit de l’aspirine (81 à 100 mg par jour) en plus des soins usuels, soit uniquement des soins usuels.

Les résultats principaux de l’étude, publiés en 2008, ont montré, au terme d’un suivi moyen de 4,37 années, qu’il n’y a aucune différence significative entre les groupes concernant le critère primaire (maladie coronaire fatale ou non, AVC fatal ou non, artérite) : 68 événements sous aspirine et 86 dans le groupe contrôle (HR : 0,80 ; IC95 % : 0,56-1,10 ; p = 0,16). Il n’y a pas eu non plus de différence en termes de mortalité totale (HR : 0,90 ; IC95 % : 0,57-1,14 ; p = 0,67).

Une fois l’essai terminé, 1 621 patients ont été suivis jusqu’en 2015 et le critère d’efficacité évalué comprenait les morts subites, les maladies coronaires fatales ou non, les AVC fatals ou non et les artérites. Selon cette analyse présentée à l’AHA, il n’y a pas eu de différence significative entre les groupes comparés concernant l’incidence des événements de ce critère à 10,3 ans (HR : 1,14 ; IC95 % : 0,91-1,42). Les hémorragies gastro-intestinales ont été significativement plus fréquentes sous aspirine (2 %) que dans le groupe contrôle (0,9 % ; p = 0,03).

De nouvelles recommandations

Ces résultats rejoignent ceux de plusieurs études évaluant la place de l’aspirine en prévention primaire. Ces résultats ont été synthétisés en 2013 dans des recommandations anglaises dont la conclusion est la suivante : les bénéfices de l’aspirine en prévention primaire des maladies cardiovasculaires (CV) sont relativement faibles, demeurent statistiquement incertains, et sont d’une ampleur moindre que ceux observée en prévention secondaire alors que les effets adverses (particulièrement les hémorragies) surviennent à une fréquence relativement élevée et reposent sur des preuves plus robustes et statistiquement établies.

En mai 2016, la publication des recommandations de la Société européenne de cardiologie pour la prévention des maladies cardiovasculaires a fourni un avis net et clair qui paraît conforme aux données acquises de la science concernant la place de l’aspirine en prévention primaire. Ces recommandations indiquent qu’il est dangereux d’utiliser l’aspirine en prévention CV primaire, y compris chez les patients ayant un diabète, et ce du fait d’une augmentation du risque d’hémorragies.

Saito et al. CIRCULATIONAHA.116.025760

Dr François Diévart

Source : Le Quotidien du médecin: 9539