« EN 2009, la mortalité par mort naturelle était de 116 000 personnes. En 2012, elle est de 230 000. Le double ! » s’insurge le Dr Oubaida Al Moufti, médecin franco-syrien et porte-parole de l’Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM). La raison : les ruptures dans la continuité des soins, qui touchent mortellement les malades chroniques (diabète, hypertension, asthme...), les femmes enceintes, les enfants.
« Le drame sanitaire est immense », assure le Dr Al Moufti, sur la foi du témoignage des médecins d’origine syrienne des 15 organisations de secours médicaux composant l’UOSSM. Alors que leur action consistait, aux premières heures du conflit, à soigner dans des hôpitaux de fortune les victimes de violences qui éclataient pendant les manifestations anti Bachar Al-Assad, les soignants doivent désormais prendre en charge les blessés de la guerre, mais aussi le tout-venant. « Des déserts sanitaires se sont créés, des zones complètes, qui recensent jusqu’à 500 000 habitants, n’ont plus de médecins », explique le Dr Al Moufti.
« Les enfants de la Syrie ne sont plus systématiquement vaccinés depuis 2 ans », poursuit-il. Conséquence, des maladies quasi éradiquées comme la typhoïde, le choléra, la tuberculose, sont réapparues. « Avant on appelait la leishmaniose "les boutons d’Alep". On en comptait 100 cas par an. Aujourd’hui, on en voit des milliers », affirme le porte-parole de l’UOSSM. En juin déjà, l’ONG Médecins sans Frontières alertait sur une épidémie de rougeole qui sévissait dans le nord de la Syrie.
Les femmes enceintes risquent leur vie en accouchement à leur domicile, faute de pouvoir se rendre dans des hôpitaux. « L’UOSSM a plus de 50 hôpitaux de fortune, deux centres hospitaliers avec des blocs opératoires, un centre de rééducation fonctionnelle, cinq dispensaires, avec des consultations pour les diabétiques, un centre de prise en charge psychologique... Mais les besoins sont immenses et durent dans le temps », se désole le Dr Al Moufti.
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