Éducation à la santé : l'expérimentation Alliance à l'école

Par
Publié le 11/03/2022
Article réservé aux abonnés
Démontrer que l’éducation en santé dès le plus jeune âge contribue à la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé. Tel est l’objectif de l’expérimentation Alliance, menée sur trois ans depuis la rentrée 2019 auprès de 10 000 enfants de 6 à 11 ans d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Au programme : l'étude raisonnée des écrans avec des soirées sans écran

Au programme : l'étude raisonnée des écrans avec des soirées sans écran
Crédit photo : Phanie

« Pour bien apprendre, un enfant doit être en bonne santé », rappelle Olivier Dugrip, recteur de l’Académie de Lyon. L’expérimentation Alliance, lancée à la rentrée scolaire 2019-2020, vise à introduire de l’éducation en santé à l’école.

Plus de 10 000 enfants ont été inclus dans l’étude, issus de 101 écoles tirées au sort dans quatre départements en région Auvergne-Rhône-Alpes (Cantal, Isère, Loire et Rhône). La moitié des élèves a bénéficié de l’expérimentation et l’autre constitue le groupe témoin. Les écoles primaires choisies ont des profils variés en termes de situation géographique (urbaine, péri-urbaine, rurale) et sociale (favorisée ou REP+).

Apprendre les bons comportements

« Les enfants sont confrontés dès leur plus jeune âge à des problèmes de sédentarité, d’alimentation, de sommeil, de violence, d’addictions, etc. », souligne le médecin et député Cyrille Isaac-Sibille, qui porte le projet au plan politique. « Le but de cette expérimentation est de leur apprendre les bons comportements en santé dès le plus jeune âge, explique-t-il. Pour cela, 176 professeurs des écoles ont été formés à la notion de santé publique pendant 12 heures. »

Les enseignants ont ensuite travaillé ce thème dans leur classe, en évaluant les besoins des élèves. La directrice de l’école de Néronde, dans la Loire, indique par exemple que ses élèves ont travaillé « l’amélioration du climat scolaire et des temps libres de récréation ». Des messages clairs ont été utilisés pour améliorer les compétences relationnelles et la gestion des émotions des enfants. « Nous avons aussi étudié l’usage raisonné des écrans, avec des soirées sans écran en partenariat avec la ludothèque », explique la directrice, qui envisage par ailleurs « d’expérimenter l’école du dehors dès le printemps ».

Thèmes autour du stress et des écrans

« Les thèmes récurrents retenus par les écoles tournent beaucoup autour du stress et des écrans », souligne le Pr Franck Chauvin, professeur de santé publique à Saint-Étienne et président du Haut Conseil de la santé publique, membre du comité de pilotage de l’expérimentation. « Nous avons aussi pu repérer des spécificités entre les communes rurales, de centre-ville ou péri-urbaines, ainsi qu’entre les territoires : les problématiques dans le Cantal ne sont pas les mêmes que dans les communes autour de Lyon », ajoute-t-il. Pour lui, « l’idée d’Alliance est d’agir au niveau des écoles mais aussi sur les collectivités territoriales pour créer un environnement favorable à l’acquisition de la littératie en santé ».

Les universités de Saint-Étienne, Clermont-Ferrand et Lyon 1 vont maintenant évaluer l’expérimentation, ce qui conduira à la publication des résultats. Pour Franck Chauvin, « ce qui s’est passé est très différent d’une école à une autre et c’est normal. Néanmoins, concernant le principal enseignement que nous voulions apporter, que la santé est de la responsabilité de tout le monde, le message est passé », estime-t-il. L’équipe scientifique travaille à la reproductibilité de la méthode, afin que d’autres classes puissent également mettre en œuvre ce dispositif.

Anne-Gaëlle Moulun

Source : Le Quotidien du médecin