EN OCTOBRE 2009, les autorités françaises organisaient une campagne de vaccination nationale et gratuite contre la grippe pandémique A(H1N1), ciblant en particulier les femmes enceintes, une population à haut risque de formes graves. Même si la pandémie « n’a pas eu la gravité redoutée par les services de santé publique, elle peut être utilisée comme l’exemple d’une mobilisation générale des systèmes de soins nationaux dans une campagne globale de vaccination », précisent, dans le « BEH » (6 décembre 2011, n° 45-46), les auteurs de l’étude Coflupreg, cohorte prospective de 882 femmes enceintes suivies dans 3 maternités parisiennes et incluses entre le 12 octobre 2009 et le 3 février 2010. Les résultats montrent qu’en dépit des recommandations – vacciner toutes les femmes après le premier trimestre de grossesse par l’administration d’une dose de vaccin sans adjuvant (Panenza), « une large proportion de patientes n’a pas été vaccinée contre la grippe pandémique », notent Romain Freund et col. Dans l’étude, le taux de non-vaccination était de plus de 62,9 % soit une couverture vaccinale de 37 %, des proportions du même ordre que celles observées à partir des données de l’Assurance-maladie ou de l’Enquête périnatalité 2010. L’étude, soulignent les auteurs, « apporte des informations sur les raisons de l’échec » et « donne des pistes » en vue de campagnes ultérieures ciblant ces populations à haut risque.
Les modalités de la campagne effectuée dans des centres dédiés a certes limité la possibilité qu’ont les médecins de promouvoir la vaccination (des études réalisées aux États-Unis montrent que le pourcentage de femmes vaccinées est plus élevé lorsque les médecins de famille ou un professionnel de santé propose la vaccination) mais, soulignent les auteurs, l’étude met en évidence d’autres facteurs, comme l’origine géographique ou la catégorie socio-professionnelle. Les femmes d’origine étrangère non européenne (Afrique subsaharienne, Afrique du Nord, Asie) et les catégories les moins favorisées étaient moins vaccinées que les autres. Dans les deux cas, la barrière économique ne peut être évoquée, le vaccin étant gratuit et disponible pour tous. Une « réticence face aux médecines occidentales » peut expliquer cette disparité dans le cas des femmes d’origine étrangère non européenne, mais les auteurs penchent plutôt pour « un défaut d’accès à l’information médicale » et suggèrent d’adapter les futures campagnes à ces populations.
Prendre en compte les comorbidités.
Les 3 maternités de l’étude étaient des maternités de niveau 3 spécialisées dans le suivi de grossesses pathologiques (hypertension sévère, diabète) ou multiples ou en cas de risque pour l’enfant à naître. Les résultats montrent que les femmes enceintes avec une comorbidité associée (antécédent obstétrical au cours d’une grossesse précédente ou ayant eu des complications lors de la grossesse en cours) « n’ont pas été plus vaccinées que les autres ». Cette tendance, déjà mise en évidence dans une autre étude, « pourrait refléter un manque de prise en compte de la part des professionnels de santé des risques de complications respiratoires de la grippe A(H1N1) chez les femmes enceintes ayant des comorbidités médicales ou obstétricales », Romain Freund et col.
Un autre résultat significatif de l’étude concerne les femmes enceintes à fort risque d’exposition ou de diffusion de la maladie (enfants de moins de 18 ans à domicile, travail en contact avec des enfants, professionnels de santé et professionnel en contact avec le public) qui auraient dû être plus vaccinées que les autres. Cela n’a pas été le cas. Là aussi, les auteurs avancent comme explication une mauvaise information et des malentendus concernant la sécurité, l’efficacité et le bénéfice du vaccin, soulignant l’enjeu de la vaccination dans ce group. Un échec peut entraîner, « un risque d’augmentation de la diffusion virale à l’ensemble de la population », déclarent-ils.
Il est à noter que le taux de non-vaccination a augmenté significativement à partir du mois de décembre, ce qui correspond à la fin du pic épidémique. L’étude Coflupreg montre également que les femmes ayant arrêté de fumer avant ou tôt durant la grossesse ont été plus vaccinées que celles qui ne fumaient pas, ce qui peut être expliqué par un comportement favorable à la prévention (grossesse plus planifiée et mieux préparée). Enfin, celles s’étaient déjà fait vacciner contre la grippe saisonnière au cours des 5 dernières années ont été plus vaccinées que les autres. « Une fois vacciné, un patient est moins réticent à se faire vacciner », relèvent les auteurs qui concluent « qu’un effort de communication des médias une année pourrait avoir un impact positif sur les années suivantes ».
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