« EN TANT que professionnels de la santé, nous revendiquons clairement le droit de dispenser des soins de santé, conformément à notre éthique médicale, à l’ensemble des patients, indépendamment de leur statut administratif ou de leur origine ethnique ». Dans son rapport reposant sur les données recueillies dans 14 villes de 7 pays européens soit 8 412 patients vus dans les centres MDM lors de 19 302 consultations, Médecins du monde déplore les conséquences de la crise sur la santé des plus vulnérables. « Les groupes qui étaient déjà confrontés à divers facteurs de vulnérabilité avant la crise, à savoir les migrants sans-papiers, les demandeurs d’asile, les usagers de drogues, les travailleur(se)s du sexe, les citoyens européens pauvres et les sans-abri ont vu une réduction, voire une disparition des filets sociaux de sécurité qui apportaient auparavant une aide minimale », explique l’association.
Ainsi plus de 80 % des patients doivent aujourd’hui payer la totalité des frais médicaux pour pouvoir accéder aux soins et 59 % des femmes enceintes n’ont pas accès à des soins prénataux et au moins 10 % des enfants ne sont pas vaccinés. Parmi les usagers des services de MDM, 28 % déclarent être en mauvais ou très mauvais état, une proportion qui s’élève à 50,8 % pour un pays comme la Grèce. Ils sont 20 % à s’être vus refuser l’accès aux soins par un prestataire de soins au cours des 12 derniers mois, un taux qui en Espagne grimpe à 62 %. Plus de la moitié des personnes examinées dans des dispensaires de MdM à Bruxelles, Nice, Munich, Amsterdam, Athènes, Londres et Alicante ne recevaient pas les traitements exigés par leur état de santé.
Des Européens pauvres.
Une des tendances observées est aussi « l’augmentation des patients européens pauvres dans les consultations », a souligné Nathalie Simonnot, de la direction du réseau international de MdM. Selon le Dr Nikitas Kanakis, de MdM Grèce témoigne, « il y avait 8 % de patients grecs il y a trois ans, et 50 % aujourd’hui. Il y en aura encore plus l’an prochain ». À Munich, 66,4 % des patients reçus l’an dernier étaient des citoyens européens, dont 11,9 % d’Allemands. En Espagne, où la réforme de la santé a entraîné le déremboursement de nombreux médicaments et la fin de la gratuité pour les retraités et les sans-papiers, « on voit aujourd’hui des petits enfants à qui on refuse de donner une carte de santé car ils sont enfants d’immigrés ou des personnes souffrant d’un cancer qui doivent assumer elles-mêmes le coût de leur chimiothérapie, qui passe de 60 euros à 1 600 euros par mois », a témoigné le Dr Alvaro Gonzalez, président de MdM Espagne. « C’est inefficace économiquement, car les soins d’urgence coûtent plus cher que ceux fournis en temps normal (...) et dangereux pour la santé publique : les maladies contagieuses ne connaissent pas les barrières administratives », a-t-il prévenu.
Dans son rapport MDM note que « l’augmentation de la pauvreté se traduit par une hausse des migrations internes en Europe. Les citoyens précaires de l’UE, dépourvus de couverture sociale, sont traités de la même manière que les migrants sans-papiers extracommunautaires dans leur accès aux soins médicaux. » Parallèlement aux mesures d’austérité et leur incidence directe sur les régimes de protection sociale et sur les systèmes de santé, l’association constate une multiplication des actions et des réglementations xénophobes dans plusieurs pays européens.
Agression contre les migrants.
« En Grèce, les agressions brutales et les crimes de haine contre les minorités ethniques sont devenus un phénomène récurrent », relève MDM. L’association qui depuis la crise grecque a dû ouvrir plus de centres (5 polycliniques aujourd’hui) et augmenter le travail de ses unités mobiles, a aussi été obligée de lancer le projet « Assez » contre cette hausse de la xénophobie.
En France, où « les migrants ont largement servi de boucs émissaires au cours des dernières années », l’association dénonce notamment la stigmatisation dont est victime la population ROM, victimes d’expulsions massives.
L’association plaide pour le maintien d’une couverture de santé universelle en Europe, appelle notamment à une politique de santé publique européenne cohérente sur la prévention et le traitement des maladies infectieuses et demande la protection des étrangers gravement malades qui n’ont pas accès à des soins appropriés dans leur pays d’origine. Et de rappeler que la santé ne représente que 1,6 % des raisons des migrations avant de préciser : « Le tourisme sanitaire » ne concerne en aucun cas les gens vus dans les centres de MDM ».
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