CONDAMNÉ à un an de prison avec sursis dans le volet français de l’affaire de l’Arche de Zoé, j’ai beaucoup hésité avant de prendre cette décision.
Depuis le 12 février, partagé entre révolte et renoncement, rage et découragement, je passe de l’un à l’autre sans pouvoir trancher. Beaucoup me conseillent de laisser tomber sans comprendre l’humiliation que de devoir accepter cette nouvelle injustice.
Je comprends qu’il s’agit d’une condamnation de principe et que si j’étais coupable j’aurai eu droit à une autre peine. Il s’agit principalement d’une peine morale avec un « tarif » de 6 mois par infraction.
En tout état de cause, j’ai conscience que malheureusement cette condamnation est une condamnation politique où la justice française ne peut m’exonérer de toute responsabilité sans se discréditer face au Tchad et à l’opinion publique.
Mais la pilule est amère car déjà au Tchad puis à Créteil on m’a obligé à accepter une condamnation injuste, pris dans le rouleau compresseur d’une affaire qui de bout en bout m’a dépassé. Pour cela j’ai fait 3 mois de prison au Tchad dans des conditions sordides et 3 mois non moins pénibles dans mon pays.
Je suis le dernier médecin resté sur place dans une mission présentée comme un sauvetage d’enfants orphelins du Darfour. Je m’étais aussi proposé pour être famille d’accueil d’un de ces enfants et j’étais président de ces familles. Je suis condamné de principe à ce double titre.
Condamné pour tentative d’entrée illégale d’enfants sur le territoire alors que l’Arche de Zoé affirmait que la procédure était légalisée par un collectif d’avocats et que les enfants seraient présentes aux autorités françaises a leur arrive.
Condamné pour complicité d’exercice illicite de l’activité d’intermédiaire en adoption alors que les débats ont montré qu’aucun fait d’intermédiation n’a été commis de ma part puisque je n’ai sélectionné ni famille, ni enfant.
Le mal est fait.
À aucun moment de cette mission je n’ai été en position pour douter de l’origine et de la filiation de ces enfants. Je leur ai apporté les meilleurs soins possibles compte tenu des conditions sur place. Toutes les incertitudes sur cette mission je les ai découvertes a posteriori et j’ai eu le sentiment de tomber dans un piège sans jamais pouvoir me justifier.
Dès le premier jour j’ai été accusé d’être un voleur d’enfant et cette accusation je sens bien que malgré tous mes efforts pour faire part de ma bonne foi elle me collera à la peau.
Le mal est fait et même si je vais en cour européenne, après des années de souffrance et de sacrifice et même si selon toute vraisemblance j’ai gain de cause, la blessure et l’humiliation seront à jamais indélébiles.
Il y aura toujours certains qui condamnent sans savoir qui m’assimileront à la triste affaire de l’Arche de Zoé.
Alors je vais laisser ceux qui revendiquent l’entière responsabilité de cette mission se défendre seuls comme ils m’ont laissé lors des épisodes judiciaires précédents. Eux seuls ont les réponses sur ce qui s’est passé. Je ne peux répéter que ce qu’ils m’ont affirmé : cette mission était légale et concernait des orphelins de la guerre au Darfour.
J’ai déjà obtenu de la justice française (à Digne puis en appel à Aix) que la condamnation tchadienne soit reconnue comme ne reposant sur aucune partie civile identifiée. Ce qui revient à dire qu’il n’y avait aucune preuve lors du procès de N’Djamena que ces enfants étaient tchadiens et qu’ils avaient des parents. Ce qui implique aussi que la transcription du jugement tchadien à Créteil n’était pas plus légitime.
Puisque le tribunal de Paris me reconnaît coupable d’avoir participé à une opération illégale, j’assigne l’avocate de l’arche de Zoé en responsabilité puisqu’elle affirmait que cette mission était conforme aux lois internationales et qu’il n’y avait pas de risque pour moi. Ce sera une maigre consolation mais un élément de plus pour mettre en évidence la dualité de la justice.
Merci pour votre compréhension et pour votre soutien à nos côtés pendant toutes ces années d’épreuve.
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