Mieux connaître les cancers

26 000 patients en vie réelle

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Publié le 25/01/2018
base vie réelle

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Crédit photo : PHANIE

Mise en place par Unicancer en novembre 2017, la plateforme épidémiostratégie médico-économique (ESME) va permettre de centraliser les données de 26 000 patients atteints du cancer du poumon. « Cela devrait nous permettre d’avoir des données récentes et surtout issues de la vie réelle sur la prise en charge des cancers bronchopulmonaires (CBP) en France », se félicite le Dr Didier Debieuvre, président du collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG).

Conduit grâce à un partenariat avec AstraZeneca France prévu pour sept ans, ce projet a pour principal objectif de décrire l’effet des nouvelles thérapies (notamment les immunothérapies) sur l’évolution de la prise en charge, à partir de données disponibles dans 36 établissements référents et spécialisés dans le CBP : centres de lutte contre le cancer (CLCC), CHU, centres hospitaliers (anciennement hôpitaux généraux) et établissements privés. Il s’agit d’une étude rétrospective, à partir des données de prise en charge thérapeutique des patients traités depuis 2015, pour un cancer du poumon à un stade avancé ou métastatique.

Recueil rétrospectif

« Le premier recueil de données a commencé en octobre 2017 et rassemblera les données de plus de 4 000 patients dès janvier 2018. Deux autres recueils sont d’ores et déjà programmés, pour 2018 et 2019, à partir desquels il pourra notamment y être décrit l’effet réel des immunothérapies sur l’évolution de la maladie », indique Unicancer.

Au groupe hospitalier de la région de Mulhouse Sud-Alsace (GHRMSA), où le Dr Didier Debieuvre exerce, « ce recueil rétrospectif des données sur dossier clinique est réalisé à partir des listes de patients constituées sur la base du programme de médicalisation des systèmes d'Information (PMSI) et des fiches de réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP), indique-t-il. Ce programme va permettre de recueillir des données sur le profil des patients atteints de cancer du poumon ainsi que le stade de la maladie et les comorbidités. Nous allons aussi avoir des informations sur la tumeur, le type histologique et bien sûr les traitements. Ces données de vie réelle sont importantes pour compléter celles provenant des essais cliniques qui sont conduits sur des patients sélectionnés ».

Pour l’instant, les seules données de vie réelle sur le cancer du poumon en France viennent des études prospectives conduites par le CPHG. « Les études KBP 2000 et KBP 2010 font référence en épidémiologie du cancer du poumon en France et ont montré l’évolution épidémiologique et les progrès thérapeutiques effectués en 10 ans avec l’application du Plan Cancer, l’arrivée des thérapies ciblées anti-EGFR et avant l’immunothérapie. Nous sommes en train de préparer l’étude KBP 2020 mais, évidemment, il faudra encore du temps avant que les résultats ne soient disponibles pour évaluer le véritable effet de l’immunothérapie dans une étude prospective en vie réelle », indique le Dr Debieuvre.

Tout type de structure

Le programme ESME permettra peut-être de comprendre certaines différences dans les chiffres de mortalité liée au cancer du poumon en France. L’Institut national du cancer (INCa) donne un chiffre de 17 % de survie à 5 ans en valeur standardisée alors que, dans les CH, l’étude KBP 2010 retrouvait 12,7 %. Or l’INCa fonde ses estimations à partir de registres qui ne couvrent pas l’ensemble du territoire ni des types de structures, qui reçoivent pourtant des patients d'âge et de pronositc différent : «  le programme ESME, qui va concerner tout type de structure, devrait fournir des données comparatives », souligne le Dr Debieuvre.

Entretien avec le Dr Didier Debieuvre, président du Collège des pneumologues des hôpilaux généraux (CPHG) et chef du service de pneumologie au groupe hospitalier de la région de Mulhouse Sud-Alsace (GHRMSA), hôpital Émile Muller à Mulhouse

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9634