Alors que les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de décès chez les femmes, l’incidence de l’infarctus du myocarde (IDM) continue d’augmenter en population féminine. Les femmes jeunes ne sont pas épargnées, avec, pour les patientes de moins de 50 ans, une mortalité hospitalière qui demeure le double de celle des hommes. Pour autant, les caractéristiques de l’infarctus de la femme jeune étaient jusqu’à présent peu documentées. D’où l’intérêt de l’étude française Wamif présentée lors du congrès. L’objectif était de collecter de manière exhaustive et systématique les données cliniques, morphologiques et biologiques de tous les cas d’IDM des femmes de moins de 50 ans admises dans 34 centres français entre mai 2017 à juillet 2019. Parallèlement ont été évalués les pronostics à court et moyen termes.
« Pour la première fois, notre étude a inclus des scores de stress et de précarité, les antécédents gynéco-obstétricaux, mais aussi des dosages hormonaux et immunologiques, explique le Dr Stéphane Manzo-Silberman (Paris). L’objectif est de mieux comprendre les causes et les facteurs prédisposants à la survenue d’un IDM chez des femmes de moins de 50 ans pour envisager des stratégies diagnostiques et préventives. »
Le tabagisme, facteur de risque prépondérant
Au total, 314 patientes (âge moyen 44,9 ans) ont été inclues dans l’étude. Une majorité (192) présentaient un IDM avec sus-décalage du segment ST et 122 sans modification du segment ST. Alors qu’on évoque souvent une présentation atypique de l’IDM sur ce terrain, il s’est révélé dans plus de 90 % des cas par des douleurs thoraciques. Il ne faut donc pas négliger une douleur thoracique chez une femme jeune.
On s’attendait aussi à des facteurs de risque particuliers liés aux modifications hormonales, aux profils inflammatoires et auto-immuns ou à la thrombophilie. Mais, dans Wamif, on retrouve surtout des facteurs de risque traditionnels, au premier rang desquels le tabac, puisque 75,5 % de ces femmes avaient un tabagisme actuel, 35 % avaient des antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire, 55 % ont déclaré un stress émotionnel récent, 33 % avaient présenté des complications cardiovasculaires lors de la grossesse. La survenue d’un IDM prématuré – avant 35 ans – était étroitement corrélée à la consommation de cannabis et à la contraception orale.
« La sur-représentation des facteurs de risque gynécologiques, complications au cours de la grossesse et non-respect des contre-indications de la contraception œstroprogestative incite à une meilleure approche de ces problèmes », souligne le Dr Manzo-Silberman. Seulement dix de ces femmes avaient une coronarographie normale, la plupart présentant des lésions athéromateuses.
Un pronostic meilleur qu’attendu
Au cours de l’hospitalisation, aucun décès n’a été à déplorer, mais trois ont fait un AVC, trois des IDM à répétition, et un cas d’hémorragie grave a été rapporté. Après un an, deux patientes étaient décédées mais du fait d’un cancer. Une ou plusieurs nouvelles angioplasties se sont révélées nécessaires chez 25 de ces femmes et quatre restaient symptomatiques. Globalement, 90 % n’ont pas fait de complications et 72 % restaient totalement asymptomatiques ; mais on constate l’année suivante des consultations en urgence à répétition pour douleurs thoraciques avec examen clinique et paraclinique normal, soulignant la nécessité d’une meilleure information de ces patientes.
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