Dans le cadre d’un dossier, Le Généraliste a interrogé des médecins de famille du monde entier pour savoir comment ils vivent la pandémie de coronavirus. Voici l’un des témoignages.
"Je travaille dans l’est de l’Allemagne, dans une région rurale au nord de Leipzig. Aujourd’hui dans le pays, il y a trois foyers épidémiques principaux : les grandes villes, la région près de la frontière avec la France et la Belgique, et enfin le sud dans l'État du Bade-Wurtemberg. Notre pays a un système de santé financé principalement par le privé. La plupart des généralistes travaillent dans des cabinets privés et sont payés par les assurances. Ils doivent faire face seuls aux cas de Covid pour décider des tests diagnostics, des traitements. L’État est réticent à mettre en place lui-même des centres spécifiques, donc les patients vont dans les cabinets et hôpitaux individuels. Le problème est que nous sommes à court de protections individuelles pour les professionnels. Dans les cabinets, c’est très calme ces jours-ci, les patients évitent de venir, les visites ont été réduites, nous faisons en revanche beaucoup plus de consultations par téléphone.
Surtout des jeunes infectés Si la mortalité est plus faible en Allemagne qu'ailleurs, ce n’est pas parce que notre système hospitalier est meilleur. Il y a trois sources d’explication principales. Pour l’instant, beaucoup des personnes infectées sont des jeunes, seulement 10 % des personnes touchées au niveau national ont plus de 65 ans. Nous sommes également en capacité de faire plus de tests que les autres pays européens. Nous testons beaucoup, même les patients avec des symptômes faibles. Et il est vrai que nous avons aussi beaucoup plus de lits de réanimation que dans d’autres pays d’Europe, même si pour l’instant ils sont très peu utilisés, environ 15 % [le ministre de la Santé allemand dénombrait à la mi-mars 28 000 lits disponibles en soins intensifs, NDLR].
Solidarité européenne Je suis en relation avec de nombreux médecins européens, je suis donc assez au courant de ce qu’il se passe. En revanche, nous avons eu un briefing avec tous les généralistes de mon secteur et certains étaient surpris et ne pensaient pas que le problème était si important. D’un point de vue européen, je suis très heureux de voir que certains États allemands prennent en charge des patients français. Six patients italiens ont aussi été transférés dans ma région. J’aimerais que nous puissions recevoir de plus en plus de patients d’Europe."
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