Dans le cadre d’un dossier, Le Généraliste a interrogé des médecins de famille du monde entier pour savoir comment ils vivent la pandémie de coronavirus. Voici l’un des témoignages.
"Ici, l’épidémie n’a pas du tout été prise au sérieux au début, ce qui explique les chiffres assez importants. L’Espagne a réagi un peu comme les États-Unis : « ce truc-là n’est rien, nous n’avons rien à déclarer ». Le confinement a été ordonné au même moment qu’en France alors que l’épidémie a démarré avant ici. Il y a ensuite eu un changement complet de discours. Globalement, le confinement a été très bien suivi et cela porte ses fruits.
C’est surtout le système public qui prend en charge l’épidémie. Les centres médicaux privés ont été fermés pour diminuer les zones de concentration de malades et toutes les consultations de médecine générale de routine ont été supprimées. Les centres de santé publics, sortes de maisons médicales, ont très vite organisé un tri des patients à l’entrée. Seuls les cas urgents pénètrent dans les centres.
Patients angoissés J’exerce dans le privé, à Médico del domingo, l’équivalent de SOS Médecins. Il y a trois semaines, tous les appels concernaient des patients avec des symptômes respiratoires. Nous avons géré la plupart des cas de coronavirus par la téléconsultation, qui existe depuis sept ans en Espagne. Quand il y avait suspicion de détresse respiratoire, on allait physiquement examiner les gens en se protégeant. Maintenant, nous nous occupons des personnes aux tableaux bénins, qui sont angoissées. On fait du suivi par téléphone tous les deux, trois jours. Depuis une petite semaine, on a l’impression que plus personne n’est malade, il n’y a plus de nouveaux cas.
Système D Le pays a eu énormément de mal à fournir le matériel de protection aux médecins du système public, probablement plus qu’en France. Et ici, l’État ne se sent pas responsable de la prise en charge de l’épidémie par le secteur privé dans lequel j'exerce. Mais ayant déjà vécu une épidémie quand j’exerçais en France, j’avais conservé un kit épidémique. Je savais que ce type d’évènement pouvait survenir. Je n’ai donc pas eu de problème d’approvisionnement. Nous avions un stock, et nous avons encore de quoi tenir un mois. D’ici là, les équipements devraient être disponibles."
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