Chez l'enfant

Le thermalisme en perte de vitesse

Publié le 18/01/2016

Crédit photo : Phanie

Alors que la fréquentation des curistes adultes a renoué avec la croissance (+ 11 % depuis 2010), celle de ceux de moins de 17 ans ne cesse marquer le pas. En 2014, avec un peu plus de 8 000 curistes, ils ne représentent plus que 1,6 % de la fréquentation totale, soit une baisse de 53 % en l’espace d’une dizaine d’années.
Au premier rang des raisons avancées par les professionnels, le changement de statut juridique des Maisons d’Enfants à Caractère Sanitaire pour cure thermale (M.E.C.S.) qui, depuis l’ordonnance de 2003, sont devenus des établissements de santé à part entière avec les impératifs de médicalisation du fonctionnement que cela suppose.
Au final, nombre d’entre elles n’ont pu se conformer aux nouvelles normes et ont dû fermer ou se reconvertir. Il n’en existe plus que 3 sur tout le territoire, alors que 30 ans auparavant, on en comptait 25 dans la seule station de la Bourboule.

Fractionner la durée de la cure
Au-delà des difficultés structurelles, la temporalité imposée de la cure représente un obstacle pour beaucoup de parents. Difficile en effet pour nombre d’entre eux de dégager 3 semaines de suite ou, en dehors des périodes de vacances scolaires, de consentir à faire rater l’école à leur enfant.
Pour pallier ce problème, la possibilité de fractionner le séjour en deux séquences apparaît comme une solution envisageable et plébiscitée par les opérateurs thermaux. L’Assurance maladie a d’ailleurs accepté qu’une expérimentation dans ce sens soit engagée.

Recherche en berne et hostilité du milieu universitaire
De l’aveu du Pr Christian Roques, président du Conseil scientifique de l’Association française pour la recherche thermale (AFRETH), « l’état de la recherche dans ce domaine est désolant, alors que les enjeux sont énormes ». On ne comptabilise ainsi que deux études sur le sujet en 11 ans. La première a finalement été retirée par les investigateurs et la seconde a échoué dans son recrutement. Au final, la littérature fournit peu de données utiles sur la question.
L’autre problème que rencontre le thermalisme infantile est lié au fait qu’une partie croissante du monde médical s’en détourne. Pour Pierre-Louis Delaire, dermatologue à La Roche Posay, « les explications à cette désaffection sont multiples. Les progrès des thérapeutiques dermatologiques aussi bien dans le psoriasis, l’eczéma que dans les grandes ichtyoses » appliqués chez des enfants de plus en plus jeunes en font évidemment partie.
« L’hostilité de la majorité de nos enseignants hospitalo-universitaires qui donnent à leurs internes le message suivant : le thermalisme est une thérapeutique désuète qui n’a pas fait de preuves scientifiques suffisantes de son efficacité, qui coûte cher à la Sécu et qui enlève donc une partie des ressources de santé (bien plus indispensables à l’hôpital) » serait également, selon le Dr Delaire, un motif fort expliquant le marasme actuel.
 
Benoît Thelliez

Source : lequotidiendumedecin.fr