Plaintes par dizaines, livre blanc, appel aux patients : le syndicat des homéopathes contre-attaque sur tous les fronts

Par
Publié le 21/01/2019
homeopathes

homeopathes
Crédit photo : S. Toubon

Devant une soixantaine d'adhérents réunis samedi à Malakoff (Hauts-de-Seine) pour les 8es Assises du médecin homéopathe, le Dr Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), s'est montré déterminé à ne céder aucun pouce de terrain à ses adversaires, en pleine querelle sur l'homéopathie.

Ni les « insultes » ni les « attaques », par le biais des réseaux sociaux ou de tribunes, ni même la demande très claire du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) de dérembourser l'homéopathie et de la sortir de l'Université ne font reculer le syndicat, bien au contraire.

Charlatans

Droit dans ses bottes, le généraliste homéopathe à Oberhausbergen (Bas-Rhin) est revenu devant ses troupes sur les « propos infamants » des médecins signataires de la tribune anti-homéopathie publiée en mars dernier dans « le Figaro » et sur les procédures disciplinaires en cours à leur encontre. « La tribune se borne à des insultes graves sans analyse scientifique. Elle assimile les médecins homéopathes à des charlatans, à des représentants de commerce peu scrupuleux. Pire, elle demande à l'Ordre des médecins de nous interdire de faire état de notre titre de médecins. Nous ne pouvions pas laisser passer cela », a-t-il martelé, avec le soutien de ses troupes.

La bataille juridique a été lancée. Sur les 124 médecins signataires de la tribune, 58 sont déjà visés par les plaintes du SNMHF devant les instances ordinales « pour non-confraternité et non-respect du code de déontologie ». Il n'y a pas de poursuite pour les autres praticiens qui ont eu recours à des pseudonymes.

Le premier succès symbolique est arrivé récemment pour les homéopathes : en début d'année, la chambre disciplinaire de première instance de Champagne-Ardennes a condamné pour la première fois deux généralistes signataires de la tribune à un avertissement (sanction la plus basse possible) pour « non-confraternité » (article 56 du code de déontologie) et « déconsidération de la profession » (article 31). « Un autre dossier a été examiné à Limoges le 15 décembre dont nous attendons le jugement, a promis le Dr Bentz. Un autre a eu lieu le 17 janvier à Paris. Il nous reste encore 54 plaintes et le syndicat sera présent dans toutes les chambres disciplinaires. »

Obtenir le soutien stratégique des patients

Au-delà des contentieux engagés par dizaines, le syndicat des homéopathes se met en ordre de bataille médiatique. Il entend mobiliser les patients pour défendre l'homéopathie avant la publication en « avril ou mai » d'un livre blanc, cosigné avec la société santé d'homéopathie (SSH). « Le rôle des patients sera déterminant dans les mois à venir, analyse le Dr Bentz. La Haute Autorité de santé devra rendre son avis sur le remboursement des médicaments homéopathiques, mais la décision finale est politique. »

Le syndicat est déjà soutenu par l'association Homéo Patients France (AHP, regroupant des patients utilisateurs d'homéopathie) créée en 1998 par le Dr Patricia Le Roux. Invité des assises, Joël Siccardi, président de cette association, n'a pas mâché ses mots. « Nous sommes révoltés contre la façon dont on traite les médecins homéopathes et nous en avons marre d'être considérés comme crédules et bobos. Nous allons faire entendre notre voix et médiatiser ».

Science et granules

Également invité, Florian Petitjean, président du directoire du groupe Weleda, a précisé que les trois principaux laboratoires présents sur le marché de l'homéopathie (Boiron, Weleda et Lehning) ont travaillé ensemble pour répondre à la demande d'évaluation de la HAS.

« Contrairement à ce que nous entendons, il existe un grand nombre de publications relatives à la recherche clinique sur l'homéopathie. Plus de mille, a-t-il affirmé. Il y a 114 articles, 49 essais cliniques randomisés sur les pathologies sélectionnées, 38 études en état réel, 27 méta-analyses... ». Et de soutenir que « les études les plus pertinentes ont été sélectionnées pour démontrer qu’il y a un effet favorable du traitement de l’homéopathie dans une large gamme de pathologies : psychiatrie, neurologie, infectiologie, allergologie, rhumatologie. Concernant la tolérance, les études sont concordantes et ne montrent pas d’effets indésirables graves liés à l’homéopathie. On a de quoi convaincre la HAS ».

De quoi regonfler le moral des homéopathes. « Un mal va peut-être finalement aboutir à un bien, veut croire le Dr Bentz. On va peut-être rendre compte de tous les avantages de notre thérapeutique et qu'il faut continuer à rembourser l'homéopathie. »

Le CNGE jugeait au contraire que la pratique de l'homéopathie arguant d'une activité scientifique est incompatible avec la médecine générale, qui s'appuie à la fois sur la « médecine fondée sur les preuves », sur une définition européenne (Wonca) et sur un « référentiel ».


Source : lequotidiendumedecin.fr
Sommaire du dossier