L’inflammation dans l’asthme sévère

Une alternative partielle à la corticothérapie

Publié le 21/05/2015
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« Les recommandations sur l’asthme, qui pourtant s’appuient sur un dogme fort d’administrer une thérapie inhalée en première attention à tous les asthmatiques, reconnaissent la possibilité de certaines limites à cette stratégie, car certains malades n’ont pas un phénotype inflammatoire et la présentation de ces patients est hétérogène », expose le Pr Alain Didier, pneumologue et allergologue au CHU de Toulouse. Quels que soient les niveaux d’observance, les corticoïdes ne permettent pas d’atteindre dans certains cas les objectifs des recommandations, tant au niveau du contrôle que des exacerbations de la maladie. « Être exacerbateur fréquent est un facteur prédictif d’exacerbation récidivante, indépendamment du traitement de fond qui est administré. Tout ceci nous ramène à la nécessité de mieux comprendre l’hétérogénéité de l’asthme », souligne le Pr Didier. « Notre rôle, c’est de savoir repérer ces patients et les orienter vers de nouvelles thérapeutiques, sur des essais cliniques et des perspectives de prise en charge différentes », ajoute-t-il. Mais qu’attendre des traitements de demain ? Pour le Pr Antoine Magnan, pneumologue et allergologue au CHU de Nantes, les thérapies ciblées, actuellement en développement dans l’asthme, permettront de répondre seulement partiellement aux besoins non couverts en proposant une alternative à la corticothérapie par voie générale.

Nouveaux biomarqueurs

« Les médicaments commercialisés (anti-IgE) ou en développement (anti-IL5, anti-IL13, anti-récepteur de l’IL4 ou de l’IL5) sont pour la plupart dirigés contre l’asthme dit Th2, au cours duquel prédomine l’inflammation bronchique à éosinophiles et qui sont cortico-sensibles », indique-t-il. Cependant, « l’asthme dit non Th2, dans lequel les neutrophiles prédominent parfois, apparaît comme orphelin dans cette dynamique malgré le développement des anti-IL17 », poursuit le pneumologue. « C’est ainsi que des recherches sont encore nécessaires dans l’asthme sévère, d’une part pour découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques chez ces asthmatiques mais aussi pour détecter des biomarqueurs de la réponse aux thérapies ciblées », considère le Pr Magnan. « Seuls de tels tests-compagnons permettront en effet à ces thérapies coûteuses d’accéder au marché », conclut-il.

D’après les communications des Pr Alain Didier (CHU de Toulouse) et Antoine Magnan (CHU de Nantes)
Samuel Spadone

Source : Le Quotidien du Médecin: 9413