AP-HP : des soignants et usagers demandent à Véran de retoquer le projet « comptable » d'hôpital Grand Paris Nord

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Publié le 05/01/2021
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Crédit photo : S.Toubon

Le projet d'hôpital Grand Paris Nord porté par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a du mal à passer auprès des soignants et des patients.

Dans une tribune publiée par « Le Monde » le 28 décembre, plus de 200 professionnels de santé et usagers concernés interpellent Olivier Véran pour lui demander de revoir le chantier de fusion des hôpitaux universitaires Bichat et Beaujon. Les signataires dénoncent un projet qui aboutirait in fine à la « fermeture injustifiée et injustifiable » de 30 % des lits d'hospitalisation complète.

« Nous demandons au ministre de la Santé d'intervenir afin que le projet soit à la mesure des besoins de la population », écrivent-ils. Parmi eux, on retrouve notamment le Pr Bruno Crestani, chef du service de pneumologie à Bichat, les Drs Olivier Milleron et Anne Gervais, respectivement cardiologue et gastro-entérologue à Bichat, ou encore Marie Citrini, représentante des usagers au conseil de surveillance de l'AP-HP.

Objectifs comptables

La question du capacitaire est au cœur des préoccupations. Selon les auteurs de la tribune, le passage de 1 049 lits d'hospitalisation complète à 744 dans le futur « découle de deux objectifs comptables ». Le premier aurait trait à la réduction de la durée moyenne de séjour (DMS) qui devrait être « de 30 % inférieure à celle des autres hôpitaux français ». Un objectif, « qui n'est justifié par aucune étude médicale ou scientifique », se désolent les signataires. Bien au contraire, le virage ambulatoire conduirait à un allongement de la DMS car l'hospitalisation complète serait réservée aux patients les plus lourds.

L'autre objectif recherché consisterait à atteindre un taux d'occupation des lits de plus de 95 %, avance la tribune. Or, « un taux d'occupation au-dessus de 85 % ne permet pas d'accueillir les patients non programmés », argumentent les signataires. « Par exemple, un service de cardiologie de vingt lits qui aurait un taux d'occupation de 95 % n'aurait donc qu'un lit de libre en permanence. Il paraît difficile dans ces conditions de pouvoir accueillir des malades en urgence », peut-on lire en guise d'illustration.

Déséquilibre

La tribune pointe enfin le déséquilibre entre les besoins de la population localement et le projet tel qu'il existe. « La zone d'implantation du futur hôpital est déficitaire en médecins généralistes, en médecins spécialistes, en professions paramédicales et en lits d'hospitalisation », précisent les auteurs.

Ces derniers demandent au ministre d'appliquer cette phrase qu'il avait prononcée lors du dernier séminaire national des hospitaliers : « Il faut sortir du dogme de la réduction des lits. »


Source : lequotidiendumedecin.fr