À Bichat, les personnels hospitaliers protestent contre le futur Hôpital Nord

Devant une large banderole rouge, une cinquantaine de personnels hospitaliers et de représentants syndicaux de la CGT se sont rassemblés ce mardi après-midi, devant le hall d'entrée de l'hôpital Bichat Claude-Bernard de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). Stickers collés sur leurs blouses blanches, ils ont protesté contre la fusion des activités médicales de Bichat, situé dans le 18^e arrondissement de Paris, et de l'hôpital Beaujon (Clichy, AP-HP) dans le cadre du projet de l'hôpital Nord, qui serait implanté à Saint-Ouen d'ici à 2025.

« Regrouper ces deux hôpitaux, qui représentent plus de 120 000 passages aux urgences par an et couvrent un bassin de vie de plus d'un million d'habitants est une ineptie », s'est insurgé Simon Chiaroni, secrétaire général de la CGT Bichat, selon qui la fusion des deux établissements entraînerait la suppression de 600 lits. Le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et médecin au SAMU 93, a également mis en garde contre ce futur « méga hôpital ».

« Plus l'hôpital est gros et plus il dysfonctionne ;or là, on va créer un monstre de plus de 800 lits, a attaqué l'urgentiste. Tous les moyens sont concentrés hors du périph, et les structures de proximité sont supprimées dans les zones où on en a le plus besoin. » Le médecin a par ailleurs fustigé l'attitude de la direction de l'AP-HP sur ce dossier – « ils ne cherchent qu'à vendre des terrains » – ainsi que celle des médecins « haut placés à l'AP, qui ne pensent qu'à leurs intérêts et ont lancé ce projet du grand hôpital Nord. »

L'EHPAD Adélaïde-Hautval sur la sellette

Plusieurs représentants politiques de gauche sont par ailleurs venus apporter leur soutien aux personnels de la CGT AP-HP, comme Éric Coquerel (FI), député de la Seine-Saint-Denis, qui a plaidé pour la modernisation des hôpitaux Bichat et Beaujon et pour la construction d'un hôpital à Saint-Ouen « face aux déserts médicaux que l'on constate dans certaines zones du 93 ». Laurence Cohen (PCF), sénatrice du Val-de-Marne, a appelé à mettre chacun « devant ses responsabilités » lors du vote prochain sur le budget de la Sécu.

Pour finir, un point a été fait sur la situation de l'EHPAD Adélaïde-Hautval, à Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise, dont la fermeture a été programmée par la direction de l'AP-HP d'ici à fin 2019, « au regard de la vétusté des bâtiments et de la non-conformité de ses conditions d’accueil ».

« Après deux ans et demi de lutte, il nous reste 180 lits (contre 470 avant) pour 150 agents hospitaliers environ, a indiqué Sylvie Lefelle, secrétaire du CHSCT. Nous sommes sous pression et le service public hospitalier n'est plus assuré pour nos aînés, dans une zone où beaucoup n'ont plus de médecins généralistes, nous nous sentons méprisés. »