« J’ai voulu faire médecine pour l'anapath : j’avais vu un documentaire à la télé sur cette spécialité, et c’est ce qui m’a donné l’envie au départ. » Le moins que l’on puisse dire est qu’Alan Gauffenic a de la suite dans les idées… mais qu’il sait s’adapter. Car s’il est bien aujourd’hui médecin, ce Corrézien de naissance exerce une spécialité qui, par bien des aspects, se situe aux antipodes de l’anatomopathologie : il est chef de clinique en rhumatologie à l’hôpital Lariboisière (AP-HP). Et comme souvent, l’histoire de sa bifurcation est avant tout une histoire de passion, et de rencontres.
Le jeune homme se souvient en effet être, dès le début de ses études médicales effectuées à Poitiers, « tombé amoureux de l’anatomie et des patients ». Il a également rapidement éprouvé un besoin de liberté, et se dit aujourd'hui encore reconnaissant envers un chef de clinique de rhumatologie qui, en stage, lui « a laissé beaucoup d’autonomie ». « Il m’a permis de faire beaucoup de gestes, si bien qu’à la fin je voyais les patients plus ou moins seul », se souvient-il. Résultat, au moment de choisir une spécialité pour l’internat, l’éventail des choix qu’il envisageait se réduisait à quelques options seulement : les spécialités chirurgicales d’une part, mais celles-ci avaient moins sa faveur car la relation avec le patient y était selon lui moins développée, et la rhumatologie de l’autre. C’est donc vers la seconde qu’il s’est orienté une fois l’internat en poche.
Une spécialité médico-technique
« Quand j’ai choisi, il ne restait des postes de rhumato que dans six villes, et j’ai pris la plus montagneuse, Clermont-Ferrand », se souvient-il. Un choix qui relève au moins tout autant d’une inclination personnelle pour les hauteurs que d’une appétence professionnelle. « Je fais un peu de pathologie du sport, et à Clermont-Ferrand, j’ai pu faire beaucoup d’infiltrations ostéoarticulaires pour les sportifs : coureurs, vététistes… », explique Alan. Pour le reste, il se réjouit d’avoir pu faire en Auvergne un internat « assez généraliste » : rhumatismes inflammatoires, pathologies mécaniques, et aussi « quelques gestes », qui constituent selon lui l’un des attraits de la rhumatologie. « J’aime notamment l’aspect technique des infiltrations, c’est un aspect que peu de spécialités médicales peuvent offrir, détaille-t-il. Et c’est par ailleurs plutôt satisfaisant de pouvoir soulager la douleur assez rapidement. »
Après l’internat, Alan a poursuivi son cursus avec un clinicat à l’hôpital Lariboisière, où il travaille notamment sur les pathologies microcristallines, la goutte… Il se consacre également au développement d’un traitement dans la calcinose ectopique. Mais il ne souhaite pas forcément s’orienter vers un parcours hospitalo-universitaire. « C’est vrai que beaucoup de gens font des thèses pour cela, mais moi je l’ai faite par plaisir, parce que le sujet m’intéressait, sourit-il. Je veux plutôt m’orienter vers la rhumatologie générale, faire de l’interventionnel… Je me projette plutôt en hospitalier, mais je ne ferme pas de porte. »
Aux premières loges
En effet, Alan souligne une autre particularité de la rhumatologie : l’activité libérale peut y être « assez intéressante ». « C’est une spécialité où l’on peut faire un peu ce que l’on veut, c’est pluridisciplinaire, on peut travailler en libéral, en rééducation, en CHU, etc. », énumère-t-il. Mais pour sa part, Alan reste fortement attaché à l’hôpital. « En travaillant dans le nord de Paris, on a beaucoup de patients parmi les populations les moins favorisées, et je trouve important de pouvoir soigner tout le monde tout le temps », estime-t-il. Et quand on lui demande si les tensions que connaissent les établissements publics ne l’inquiètent pas, il se montre optimiste. « Les services de pointe, bien organisés, relativement jeunes, ont encore de belles années devant eux », veut-il croire.
Un point de vue conforté par le fait que dans son CHU, Alan a le plaisir de se trouver aux premières loges d’innovations incessantes. « La partie inflammatoire est très innovante, des thérapies sortent quasiment tous les ans, se réjouit-il. Et pour ce qui est de la technique, sous échographie, on fait des gestes de plus en plus complexes. » Quoi qu’il en soit, le rhumatologue estime être dans une position particulièrement utile au vu des évolutions épidémiologiques en cours. « La population vieillit, et les pathologies mécaniques ou musculosquelettiques vont être de plus en plus importantes, analyse-t-il. Mais la rhumatologie permet aussi de soigner les sportifs de 20 ans. » Seule certitude : que ce soit à court ou moyen terme, l’ennui ne risque pas de faire partie du quotidien professionnel d’Alan.
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