Pénurie médicale, attractivité : les (bonnes) recettes du CHU d’Angers

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Publié le 13/03/2024
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Lesté d’un déficit de dix millions d’euros, le CHU angevin sort toutefois la tête de l’eau et a enregistré en 2023 une année record en termes de recrutement paramédicaux et médicaux.

Le CHU a battu en 2023 unrecorddu nombre de recrutements

Le CHU a battu en 2023 unrecorddu nombre de recrutements
Crédit photo : Sebastien SALOM-GOMIS/SIPA

Cécile Jaglin l’affirme haut et fort. « 2023 est une année de sortie de crise, avec beaucoup de signaux positifs ». Accompagnée par le Pr Christophe Verny, président de la commission médicale d’établissement (CME), la directrice générale du CHU d’Angers dresse un état des lieux plus optimiste de la situation RH et financière de l’hôpital en ce début d’année.

À l’instar d’autres CHU comme l’AP-HP à Paris ou l’AP-HM à Marseille, la gouvernance a tout fait pour recruter et surtout fidéliser ses personnels médicaux et paramédicaux. Et la stratégie commence à payer. « La politique d’attractivité mise en place il y a 18 mois porte ses fruits, assure la directrice. Côté médecins, nous avons déployé des dispositifs d’accélération de carrière pour les plus jeunes qui choisissent de travailler au CHU ; pour les personnels non médicaux, nous avons misé sur une titularisation au fil de l’eau ; et pour les métiers en tension, nous avons fait le choix d’améliorer de manière significative les salaires des contractuels. »

Ajuster les grilles salariales des contractuels

L’année passée a même battu un « record » de recrutements, se félicite le CHU. Tous postes confondus, ce sont 1 340 personnes qui ont rejoint l’établissement, qui a aussi créé 47 postes supplémentaires pour les paramédicaux. Le taux de vacance est tombé à 2 % pour les infirmières (25 postes vacants) et de 1,25 % pour les aides-soignantes (14 postes).

Au sein du corps des praticiens hospitaliers (1 300 médicaux et pharmaciens), 37 PH ont été titularisés. L’absentéisme est revenu à son niveau d’avant-crise (9,9 %) et le CHU ne recourt pas aux médecins intérimaires. Cent dix-huit praticiens travaillent en temps partagé sur un autre établissement de la région Pays de la Loire.

Pour attirer davantage de personnels, le CHU a fait le choix d’aligner les grilles salariales de certains professionnels non médicaux contractuels (Ibode, masseurs-kinésithérapeutes) sur celles des titulaires. Et cette année, cette décision sera généralisée à tous les contractuels (900 personnels sur 6 500 au total). Une infirmière contractuelle en début de carrière gagnera 145 euros par mois en plus et une aide-soignante 40 euros. Cela représente un million d’euros de dépenses supplémentaires.

Sur l’attractivité des étudiants en médecine, un partenariat sera signé avec la faculté afin de renforcer à moyen terme la formation dans des villes moyennes comme Cholet, Laval ou Le Mans. L’objectif est de maintenir les futurs médecins dans l’environnement où ils se sont formés.

Programme immobilier d’ampleur

Autre effort du CHU : la mise en œuvre d’un vaste programme immobilier qui doit favoriser le regroupement et la réorganisation des urgences, des blocs opératoires de l'imagerie et des soins critiques. Coût : 460 millions d’euros sur 15 ans. Les travaux vont démarrer mi 2025. Le premier bâtiment sera mis en service en 2029.

Pour autant, des difficultés budgétaires demeurent. Le CHU accuse toujours un déficit de 10 millions d’euros en 2023. Mais l’établissement estime qu’il pourrait être « presque à l’équilibre » si le gouvernement prenait la peine de compenser l’inflation et de restituer certains crédits mis en réserve, demandes relayées par toutes les fédérations hospitalières depuis des mois. Le CHU déplore aussi le manque de visibilité budgétaire, faute de loi de programmation pluriannuelle en santé (comme dans le champ de la défense).

Aval de l’aval

Concernant l’activité, l’embellie est relative. Le CHU a constaté en 2023 moins de lits fermés (2 % versus 4 % en 2019 avant le Covid) et une baisse d’activité (-1 %) aux urgences, soit 99 000 passages. Mais la pénibilité aux urgences s’est accentuée, car les patients qui s’y présentent sont des cas plus lourds, plus âgés et ont des besoins d’hospitalisation en aval auxquels il est très compliqué de répondre. La prise en charge des urgences est d’ailleurs embolisée par « l’aval de l’aval », qui correspond à la sortie des soins médicaux et de réadaptation (SMR), notamment pour un retour au domicile. Une équation compliquée à laquelle nombre d’établissements sont confrontés.


Source : lequotidiendumedecin.fr