L’inquiétude des spécialistes

L’UMESPE engage un « combat de longue haleine »

Publié le 05/03/2009
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Si l’UMESPE (qui réunit les spécialistes de la CSMF) se défend d’être dans une « opposition frontale » à la réforme , le syndicat se lance dans un « combat de longue haleine » contre les mesures jugées nocives du projet de loi HPST. « Cette loi mal préparée est une occasion manquée, explique le Dr Jean-François Rey, président de l’UMESPE. Elle ne règle rien et aggrave la situation des spécialistes. Nous allons nous battre jusqu’au bout auprès des patients, des députés, des sénateurs, au moment des décrets d’application… ».

L’UMESPE s’est rapprochée des organisations représentatives des praticiens hospitaliers pour examiner les sujets (communs) qui risquent de fâcher l’ensemble des spécialistes et tenter de coordonner la contestationmédicale. Deux rencontres ont eu lieu avec les syndicats de PH et l’idée d’un front uni sur certains sujets refait surface. « Nous sommes loin ici du match public/privé, insiste le Dr Rey . Dans cette affaire, les spécialistes libéraux et hospitaliers sont dans le même bateau. Les hospitaliers ont un moyen de protestation avec le codage. Nous, on peut trouver d’autres voies… ».

Le courroux de l’UMESPE a plusieurs motifs. Selon ce syndicat, le projet de loi établira, à terme, un système de « régulation purement comptable des maladies » dans tous les établissements de santé - EHPAD, hôpitaux et cliniques. Une dérive d’autant plus inquiétante que la loi donnerait « tout le pouvoir à la structure de management » hospitalière,même si Roselyne Bachelot affirme au contraire que la nouvelle gouvernance sera équilibrée entre les médecins et l’autorité renforcée des chefs d’établissement . « Dans le cadre des contrats [pluriannuels d’objectifs et de moyens] conclus avec les ARS, poursuitle Dr Rey , les directeurs seront évalués et virés sur leurs résultats financiers. Ils défendront donc des projets comptables en contradiction avec les besoins de santé et la qualité des soins. La loi met un chéquier entre le patient et le corps médical. Ce n’est pas aux directeurs d’imposer aux médecins ce qu’ils doivent prescrire ». Les médecins qui exercent dans les cliniques ne seraient pas épargnés par cette « dérive » financièrequi se traduira notamment par une « application aveugle des forfaits ».

Exercice fonctionnarisé?

Autre grief récurrent : la mise en place d’un « carcan administratif » pour la médecine spécialisée libérale via les futurs schémas régionaux d’organisations des soins (élargis au volet ambulatoire). « On est en train de fonctionnariser notre exercice », affirme le Dr Rey . Le pilotage serré des honoraires dans les cliniques n’échapperait pas à cette reprise en main. L’UMESPE cite l’amendement qui permettra dans certains cas (lorsque n’existe pas d’offre de soins à tarifs opposables) de « fermer le secteur II par un simple accord entre le directeur et l’ARS ».

Autre inquiétude non dissipée : la définition du premier et du second recours aux soins. Pour le Dr Rey, les choses sont claires. « Les spécialistes et les paramédicaux sont raccrochés tant bien que mal, sans aucune coordination. On s’achemine vers un gate-keeping à l’anglaise qui marginalisera la médecine spécialisée ». Évolution accréditée, selon le syndicat, par le durcissement des pénalités financières contre les patients qui consultent un spécialiste hors parcours de soins. Roselyne Bachelot a précisé de son côté que les médecins spécialistes à accès direct participaient à l´offre de premier recours.

< CYRILLE DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr