Obligation vaccinale : plusieurs médecins agressés au CHU de la Martinique

Publié le 03/02/2022

Crédit photo : S. Toubon

Au moins trois médecins du CHU de la Martinique ont porté plainte pour agression après avoir été pris à partie, mardi matin, par des manifestants opposés à l'obligation vaccinale des soignants, dont des dizaines ont dans la foulée décidé d'exercer leur droit de retrait, selon des sources locales.

« On nous empêchait tous de passer, j'ai un assistant qui a essayé de rentrer par des chemins détournés, il s'est fait copieusement chahuter dans sa voiture », a raconté un médecin, sous couvert d'anonymat, précisant avoir décidé d'exercer son droit de retrait comme nombre de ses collègues.

Manifestants cagoulés

Dès l'aube, des barrages constitués de gravats et de poubelles avaient été positionnés sur l'une des routes d'accès à l'hôpital Pierre Zobda Quitman de Fort-de-France. Une vingtaine de manifestants, pour la plupart vêtus de noirs et cagoulés, bloquaient l'accès au CHU au personnel soignant, aux patients et aux livraisons. Des représentants de syndicats (USAM et UGTM) étaient présents, a précisé la direction du CHUM.

Selon le médecin, des menaces ont été proférées envers plusieurs praticiens et l'un d'entre eux a été agressé physiquement, frappé aux cervicales.

Les forces de l'ordre ont indiqué que quatre plaintes avaient d'ores et déjà été déposées à la suite de ces incidents dont trois émanant de médecins pour agression. La quatrième plainte a été déposée par un policier. D'après le directeur territorial de la police nationale de la Martinique, ce fonctionnaire d'origine asiatique a essuyé des insultes racistes et xénophobes de la part d'un des « leaders syndicaux ».

Revendications politiques

La préfecture de Martinique a mis en place « jusqu'à nouvel ordre » un dispositif de sécurité policière au CHUM. La direction du CHU et l'agence régionale de santé (ARS) de Martinique ont fermement condamné ces incidents. L'ARS a précisé avoir mis fin « à tout processus de discussion (...) avec les organisations syndicales ».

La Martinique est agitée depuis plusieurs mois par une crise née du refus de l'obligation vaccinale pour soignants et pompiers mais le mouvement s'est étendu à des revendications politiques et sociales, notamment contre la vie chère, et a occasionné des violences, pillages et incendies.

(avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr