Les Français dans la rue aujourd’hui

Les PH unanimes défendent le service public hospitalier

Publié le 18/03/2009
Article réservé aux abonnés
1276102186F_600x_45853_IMG_11233_1237435364881.jpg

1276102186F_600x_45853_IMG_11233_1237435364881.jpg

REBELOTE. Après la grande manif du 29 janvier, ce jeudi 19 mars, journée unitaire de grèves et de manifestations sur l’emploi et les salaires, promet de faire date. Contre les plans sociaux, les restructurations ou la flexibilité du travail, pour dénoncer les choix du gouvernement, les salariés du secteur privé comme les agents des entreprises publiques seront dans la rue. 213 manifestations ont été programmées par les syndicats dans toute la France, c’est 18 de plus qu’il y a sept semaines. La fonction publique hospitalière battra elle aussi le pavé à l’appel de tous ses syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, UNSA et Solidaires). Et les médecins de l’hôpital seront de la partie, leurs quatre intersyndicales au complet les y engagent.

• L’INPH contre le président qui « soliloque ».

C’est pour s’opposer à la loi HPST en préparation et défendre le service public que l’INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers) rejoint le mouvement. La prestation vendredi dernier de Nicolas Sarkozy en visite à l’hôpital de Rambouillet (« le Quotidien » du 16 mars) n’a pas vraiment convaincu le Dr Rachel Bocher, présidente de l’organisation. « Je suis atterrée par la " soliloquie " du président de la République et du mépris dont il fait preuve vis-à-vis du corps médical, se désole-t-elle. Il nous présente comme des irresponsables (qui prennent chaque jour des décisions sur la vie et la mort, rappelons-le), comme des gens qui dépensent sans compter et sans réfléchir. Cela suffit ! » Le Dr Bocher résume ainsi l’état d’esprit de ses troupes : « Aujourd’hui, l’hôpital, ça existe. Le président fait comme si les médecins n’existaient pas ou comptaient pour du beurre. Les praticiens en ont ras-le-bol. »

• La CPH appelle à « résister au cynisme tranquille ».

Le Dr Pierre Faraggi, président de la CPH (Confédération des praticiens des hôpitaux), appelle ses confrères à la grève pour défendre la place des médecins à l’hôpital. « On est complètement opposé à ce qu’on nous propose, expose-t-il . La suppression d’avancées sur la gouvernance hospitalière par un amendement de dernière minute [au projet de loi HPST, NDLR] a déclenché la colère de la communauté médicale. Sans compter que cela déconsidère le débat parlementaire ». Le discours de Nicolas Sarkozy à Rambouillet a conforté le Dr Faraggi dans ses convictions : « On maltraite l’hôpital, reprend-il . Le président de la République reprend des chiffres sur les dépenses hospitalières qui sont des contre vérités. Il ose ajouter que l’hôpital est le grand oublié des réformes depuis 25 ans, alors que l’hôpital crève de ses réformes ». Le mécontentement des présidents de CME est le signe, pour le président de la CPH, que quelque chose ne tourne pas rond. « S’asseoir comme cela sur la composante médicale, c’est une erreur, affirme le psychiatre girondin . Nous allons résister au cynisme tranquille, et continuer de défendre l’hôpital public et le statut des médecins hospitaliers ».

• Le SNAM-HP gêné par le recul sur la gouvernance.

Sans appeler à la grève, le SNAM-HP (Syndicat national des médecins des hôpitaux publics) participe à la journée de mobilisation car ses troupes sont remontées, comme l’explique son secrétaire général, le Dr Jean-Pierre Esterni : « Le SNAM est solidaire des mécontentements exprimés par la profession. On a l’impression que la loi HPST et les contraintes financières vont d’abord peser sur les praticiens hospitaliers. Le SNAM, traditionnellement réformateur, ne peut aller jusque-là dans le sacrifice. Nos adhérents ont l’impression d’être pris pour des moutons ». Les revirements de dernière minute à l’Assemblée nationale ont été mal vécus . « On a été très gêné par le recul sur la gouvernance, qui instaure un directeur tout puissant qui n’a même plus obligation de consulter la CME sur le projet médical. Cela est inacceptable, tranche le Dr Esterni . Nous sommes également mécontents en raison de l’absence de mesures compensatoires pour notre retraite complémentaire (IRCANTEC). Et inquiets par la mise en place précipitée de la nouvelle version de la tarification à l’activité ».

La CMH se bat sur trois fronts.

Le Dr François Aubart, président de la CMH (Coordination médicale hospitalière), explique qu’il a rejoint le mouvement pour trois raisons. Il s’oppose d’abord au volet « gouvernance des hôpitaux » du projet de loi Bachelot tel qu’il apparaît après passage à l’Assemblée. « Les derniers amendements vont à contresens des réalités hospitalières, ils positionnent de façon excessive le directeur comme l’alpha et l’oméga de l’organisation hospitalière. Le président a beau dire qu’il résistera aux lobbies, force est de constater que le lobby des directeurs d’hôpital a su se faire entendre ! », fait-il valoir. Le Dr Aubart met également sur la table le dossier de la retraite des PH, les aménagements spécifiques programmés du régime IRCANTEC se faisant attendre. Il défend enfin l’exigence de moyens supplémentaires pour l’hôpital : « Nicolas Sarkozy répète qu’avec 23 milliards de plus entre 1998 et 2008, l’hôpital a bénéficié d’une injection très importante. C’est exact en masse financière mais si on regarde de près les progressions des budgets alloués à la médecine libérale, aux établissements privés, à la justice ou à la police… le secteur hospitalier reste le plus économique. »

 DELPHINE CHARDON ET KARINE PIGANEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr