Groupements hospitaliers de territoire

Faciliter l’entraide entre hôpitaux

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Publié le 11/12/2017
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GHT

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Crédit photo : PHANIE

C’est une disposition importante de la loi santé de Marisol Touraine : depuis le 1er juillet 2016, les 850 hôpitaux publics en France sont regroupés au sein de 130 groupements hospitaliers de territoire (GHT). Le but est de développer les coopérations, mutualisations et économies d’échelle. « Ces GHT sont une formidable opportunité pour assurer une plus grande entraide entre hôpitaux sur un même territoire. Dans ma région des Hauts de France, cette entraide entre établissements de taille différente est cruciale. Les GHT nous donnent aussi les moyens d’harmoniser les protocoles d’imagerie et de constituer des cohortes de patients plus importantes pour la recherche clinique. Mais, au-delà des GHT, il est important d’avoir un projet régional avec une plate-forme d’imagerie et un réseau régional médico-radiologique », explique le Pr Jean-Pierre Pruvo (CHRU de Lille).

Le CHRU de Lille participe à un GHT comprenant une dizaine d’hôpitaux. « Nous couvrons un bassin d’1,3 million d’habitants. Nous avons mis en place un protocole commun pour l’acquisition d’appareils et souhaitons créer une plateforme commune de télé-imagerie pour la permanence des soins, en lien avec le SAMU de Lille », explique le Pr Pruvo, en insistant sur la nécessité de créer des passerelles régionales au-delà des différentes GHT. « J’ai proposé aux collègues de tous les services de neuro-imagerie de la région de travailler ensemble, en impliquant les experts de neurosciences, de psychiatrie et de neuroradiologie des hôpitaux universitaires de Lille et d’Amiens. On peut développer l’enseignement via le e-learning et la mise à disposition de tous des derniers protocoles internationaux. Les CH peuvent aussi inclure leurs patients dans des programmes de recherche clinique. Chacun joue le jeu, car on se connaît bien. Dans ces établissements, il y a beaucoup d’anciens chefs de clinique qui restent très intéressés par la recherche et l’enseignement. Il est important de rappeler qu’on ne fait pas d’ingérence dans la gestion de chaque service », indique le Pr Pruvo.

Exergue : « Il n’y a pas d’ingérence dans la gestion de chaque service »

Une mise en relation avec les psychiatres

Ce réseau régional permet aussi aux neuroradiologues et aux psychiatres de travailler ensemble. « Nous avons, dans la région, des psychiatres qui proposent de réaliser une IRM fonctionnelle à chaque grand événement psychiatrique chez un patient. Par exemple, dans la schizophrénie, en cas d’hallucinations, une IRM fonctionnelle peut montrer des zones hyperactives qu’on peut inhiber par une stimulation magnétique externe, ouvrant de nouvelles pistes thérapeutiques, indique le Pr Pruvo. Aujourd’hui, dans notre spécialité, on parle de l’intelligence artificielle à juste raison (lire aussi page XXX). Mais il ne faut pas oublier l’intelligence des humains qui permet, dans l’intérêt des patients, de mettre en relation les meilleurs de chaque spécialité ».

Entretien avec le Pr Jean-Pierre Pruvo (CHRU de Lille)

Antoine Dalat

Source : Bilan Spécialiste