Imagerie médicale : les radiologues hospitaliers dénoncent la « gouvernance archaïque » de la FHF

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Publié le 02/06/2016
radiologues hop

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Crédit photo : S. TOUBON

Dans une longue lettre ouverte datée du 31 mai, le Pr Frank Boudghene, président du syndicat des radiologues hospitaliers (SRH), dénonce l'attitude hospitalo-centrée et uniquement comptable de la Fédération hospitalière de France (FHF) dans sa vision de l'imagerie médicale.

Selon le syndicat, la FHF « a choisi de ne pas prendre en compte les propositions du SRH et du conseil national professionnel » pour rénover l'imagerie médicale.

D'après un récent rapport de la Cour des Comptes sur l'imagerie médicale, les postes vacants à l'hôpital public sont passés de 5 à 42 % en quinze ans. La faute à « la maltraitance que subit la radiologie hospitalière, qui continue de faire fuir les radiologues de nos établissements », estime le syndicat. Selon le SRH, la FHF s'entête dans une « gouvernance archaïque non médicalisée », avec des directions d'établissements « dont le bilan est proprement désolant ».

Rejet de la vision comptable des directeurs

Autre grief reproché à la fédération hospitalière, le manque d'écoute. « De nombreuses instances ont demandé à nous entendre (commission des affaires sociales du Sénat, mission Véran sur la T2A), mais une fois de plus, seule l'opinion de certains directeurs sur l'imagerie médicale est rapportée par la FHF, sans concertation avec les instances légitimes », regrette le Pr Boudghene dans son courrier.

« Ceux qui nous ont reçus ont bien compris que l'hôpital faisait fuir les radiologues, qu'attend la FHF pour y remédier ? », ajoute-t-il.

Les radiologues hospitaliers rejettent enfin toute vision comptable, dans le seul but d'imposer des économies et de rationner les équipements. « Pour la FHF, l'avenir résiderait dans les groupements hospitaliers de territoire, et il suffirait de mettre en commun les faibles ressources médicales en imagerie d'hôpitaux éloignés et de contraindre les radiologues à se déplacer ou à sélectionner des sociétés de téléradiologie low cost », condamne à nouveau le SRH.

Le syndicat affirme en revanche son soutien à la loi de santé de Marisol Touraine, qui a instauré les plateaux d'imagerie mutualisés (PIM). Les radiologues doivent être responsabilisés dans la gestion de ces plateaux mutualisés, qui doivent être contractualisés avec les ARS, explique la lettre du Pr Boudghene.

Recours à tous les radiologues

Le SRH propose à la FHF un projet plus « ambitieux et pragmatique ». Le syndicat souhaite un recours à tous les radiologues du territoire, y compris les libéraux, une gouvernance moderne, un projet radiologique de territoire, avec un équilibre financier retrouvé (impossible actuellement selon le SRH, en l'absence de valorisation des actes de radiologie des patients hospitalisés).

Il souhaite aussi des règles équilibrées de gestion concernant le personnel non médical. Actuellement, on compte 25 919 manipulateurs radio et 2 044 radiologues salariés hospitaliers, contre 7 545 manipulateurs et 6 347 radiologues pour les libéraux ou mixtes, selon la Cour des Comptes.

« La radiologie ne sera pas la variable d'ajustement des directeurs ! [..] Il est grand temps que les directions d'hôpitaux rénovent leur vision de l'imagerie médicale, et que la FHF prenne en compte nos propositions », conclut le Pr Frank Boudghene.


Source : lequotidiendumedecin.fr