Inquiets de Marine Le Pen, un Nobel de médecine, le fondateur de l'Ircad et une soixantaine de médecins et chirurgiens appellent à voter Macron

Populaire auprès des médecins – 49 % des libéraux et 53 % des hospitaliers s'apprêteraient à voter pour lui dimanche selon notre sondage – Emmanuel Macron bénéficie aussi de soutiens publics pour sa réélection, émanant de la communauté médicale.

Sous le titre « L'appel de Strasbourg » publié mercredi soir, 150 personnalités de la société civile – alsacienne et au-delà – du monde de la santé, des affaires, de la culture et de la gastronomie « inquiets du développement des populismes et obscurantismes de tous ordres et d'une menace islamiste toujours présente » se sont ralliées sous la bannière du chef de l'État, réunies par le Pr Jacques Marescaux, président de l'Ircad (Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif).

Dans la liste des signataires, on compte une soixantaine de médecins et chirurgiens dont le biologiste, prix Nobel 2011 de médecine, Jules Hoffmann ainsi que deux autres Nobel alsaciens, les chimistes Jean-Marie Lehn et Jean-Pierre Sauvage, mais encore le Pr Albert-Claude Benhamou, président de l'Académie nationale de chirurgie et le Pr Emmanuel-Alain Cabanis, l'ancien président de l'Académie nationale de médecine, les Prs strasbourgeoises Carole Mathelin, cheffe du service de chirurgie de l'Institut de cancérologie et Corinne Taddei-Gross, doyenne de la faculté de chirurgie dentaire.

Refus de l'extrême droite

« Il s'agit vraiment d'un appel de la société civile, confie ce jeudi au « Quotidien » le Pr Marescaux. Moi-même je n'ai jamais fait de politique. À mon âge, je n'ai aucune prétention et je n'attends rien de l'État car je dirige une institution qui est totalement privée. »

L'idée de la tribune est née d'un dîner organisé, il y a plus d'un mois, par le fondateur de l'Ircad avec notamment les trois Nobel et le président de l'Université strasbourgeoise, alors qu’Éric Zemmour commençait à monter dans les sondages. Aujourd'hui, c'est la progression de Marine Le Pen qui inquiète fortement les signataires.

Aidé par Alain Fontanel, candidat malheureux à la mairie de Strasbourg et époux de l'ancienne conseillère santé de l'Élysée, le Pr Marescaux a contacté, la semaine dernière, un peu plus de 150 personnalités avec sa proposition d' « appel de Strasbourg » et n'a essuyé que deux refus. « Dans la liste, il y a aussi beaucoup de patrons parisiens notamment en anesthésie-réanimation et neurochirurgie », souligne-t-il. On y croise également des praticiens lillois, stéphanois ou bordelais.

Programme cohérent

Solennel dans son refus de l'extrême droite, le texte qui lance « un appel national à la mobilisation pour la réélection du président de la République » se veut également approbation du programme et de la personnalité du candidat sortant. « La consolidation et la modernisation de notre système de santé, qui a démontré sa résilience face aux crises, devront aussi être une des grandes priorités du prochain mandat », préviennent également les signataires.

Le Pr Marescaux, qui n'avait soutenu publiquement qu'une seule fois un candidat à la présidentielle – Jacques Chirac en 1995 quand il était au plus bas des intentions de vote – estime que, de tous les programmes, celui du candidat LREM est le seul qui soit « cohérent ». « Personne ne dit que tout ce qui a été fait par le gouvernement est idéal, nuance Jacques Marescaux, mais, avec l'expérience qu'il a acquise, Emmanuel Macron est l'homme qu'il nous faut. »

Admiratif « devant l'intelligence du personnage » et en accord avec « son vrai centrisme », le Pr Marescaux ne se présente pas comme un militant – « je n'étais pas présent au meeting samedi dernier » – mais estime que l'heure est à un « homme de consensus ». Un soutien que ne boudera sans doute pas le candidat, fils de médecins.