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Le Val-de-Grâce aurait-il pu être encore utile le 13 novembre 2015 ?

Publié le 23/11/2015
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Crédit photo : PHANIE

La série d’attentats ignobles que Paris vient de connaître et qui étaient, selon les plus hautes autorités de l’État, prévisibles sinon programmés, a fait 129 morts et 352 blessés dont 99 urgences vitales.

Était-ce le moment le mieux choisi pour fermer l’hôpital emblématique du service de santé militaire, sachant que nos dirigeants ont déclaré haut et fort que la France était en état de guerre ?

Cet hôpital était à juste titre considéré comme l’hôpital de référence en matière de chirurgie de guerre, voire de traitement des lésions engendrées par les attentats de quelque nature qu’ils soient.

Il avait, il y a deux décennies, accueilli les blessés de la rue de Rennes, du métro Saint-Michel, antérieurement les blessés du Drakkar, plus tard, et par extension, les blessés de la gare de Lyon (une équipe chirurgicale s’était rendue sur place).

Bref l’hôpital du Val-de-Grâce s’était fait une spécialité de ce type d’activité et les médecins régulateurs du SAMU et des pompiers de Paris savaient qu’on pouvait compter sur ses chirurgiens pour la prise en charge de leurs très grands blessés, assurés de bénéficier d’une réanimation de très haut niveau.

Le chef de service, titulaire de la chaire de chirurgie de guerre, avait eu l’honneur en 1987 de prononcer la conférence du Congrès de chirurgie sur le sujet « Chirurgie et terrorisme ».

Un hôpital vide de tout

Le Val-de-Grâce est aujourd’hui un hôpital vide de tout : de sens, de blessés, de malades, de médecins et surtout de chirurgiens.

La très grande majorité des lits sont « vides » bien que l’hôpital ne soit pas encore officiellement fermé (date fixée en juin 2016).

Sa capacité d’accueil à lui seul est de plus d’une centaine de lits en chirurgie.

Quel gâchis et quelle décision pour le moins inadaptée au moment où la France doit faire face à cette situation malheureusement prévisible.

Quelle honte pour Paris d’avoir sacrifié cet emblème de la chirurgie de guerre et d’urgence au nom de la restructuration du Service de santé des armées ;

Un minimum d’effort humain et organisationnel aurait sans doute permis d’accueillir un maximum de blessés de ces attentats odieux dans la nuit du 13 novembre.

Le Val-de-Grâce n’a même pas été sollicité…

C’est un Hôpital moribond… voire mort !

Il n’est peut-être pas trop tard pour éviter qu’il devienne… on ne sait pas trop quoi ?

Un groupe de réflexion s’est constitué autour d’anciens professeurs du Val-de-Grâce et de l’Académie de médecine sous la férule d’un contrôleur général d’Armée.

Il est porteur d’un projet de réhabilitation et de réinsertion des grands blessés dont font partie intégrante les victimes d’attentats à la fois sur le plan physique mais également psychique (énorme syndrome post-traumatique).

Le nouveau Val de Grâce « Bionique 2020 » pourrait devenir l’Institut hospitalo-universitaire du Val-de-Grâce et des Invalides.

Nous avons besoin de votre soutien pour maintenir à flot cette Institution.

* Chirurgien des Hôpitaux, agrégé du Val-de-Grâce, membre titulaire de l’Académie de chirurgie, ancien titulaire de la chaire de Chirurgie de Guerre
Par le Pr Jean-Louis Pailler*

Source : Le Quotidien du Médecin: 9452