Groupements hospitaliers de territoire

L'inquiétude des radiologues libéraux

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Publié le 13/10/2016
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C’est une mesure importante de la loi santé qui inquiète fortement les radiologues libéraux. Le texte de Marisol Touraine vise à mettre en place des groupements hospitaliers de territoire (GHT). « Notre crainte est que les radiologues libéraux soient laissés à l’écart de ces regroupements entre établissements. Et que, de ce fait, ils soient désavantagés à l’avenir dans l’attribution des autorisations d’équipements en imagerie par les pouvoirs publics », indique le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR).

Pour le Dr Masson, la place des cliniques privées et des cabinets de radiologie dans ces regroupements reste très incertaine. « L’article 113 de la loi indique que l’objectif est de développer des plateaux d’imagerie médicale (PIM). Mais le problème est que tout va dépendre de la volonté des directeurs d’hôpitaux réunis au sein de ces GHT. Ce sont eux qui devront évaluer si leurs moyens en imagerie répondent aux besoins de la population. Si tel n’est pas le cas, ils pourront faire appel à des radiologues libéraux pour mettre en place des projets de mutualisation. Mais ce que nous craignons, c’est que les directeurs se détournent au départ du secteur privé, quitte à revenir ensuite vers nous au bout d’un ou deux ans quand ils auront compris qu’ils ne peuvent pas faire autrement », indique le Dr Masson.

C’est la raison pour laquelle la FNMR défend l’idée de développer des projets de mutualisation dans le domaine de l’imagerie. Une idée portée au sein du Conseil national professionnel de la radiologie, qui comprend aussi le Collège des enseignants en radiologie de France (Universitaires), la Société française de radiologie (société savante) et le Syndicat des radiologues hospitaliers. « Ce projet est plutôt bien accueilli par la Fédération hospitalière de France (FHF) et la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Mais on ignore si les directeurs d’hôpitaux vont suivre », souligne le président de la FNMR.

Le Dr Masson évoque deux autres motifs d’inquiétude liée à la mise en place des GHT. « Le premier porte sur l’incertitude autour des structures libérales qui ont des autorisations de service public d’urgence. Et le deuxième sur le grand flou qui règne autour du secteur 2 dans les cliniques qui participent au service public. Car il semble que le gouvernement veuille interdire les dépassements dans ces cliniques tout en maintenant le secteur privé à l’hôpital ».

Le Dr Masson s’insurge enfin contre l’affirmation selon laquelle la fuite des radiologues de l’hôpital public serait liée à l’attrait exercé par les revenus de la radiologie libérale. « C’est une affirmation véhiculée par la Cour des comptes puis reprise par l’assurance-maladie. Alors que c’est totalement faux. Si les radiologues quittent l’hôpital, c’est d’abord et surtout à cause des contraintes et des lourdeurs administratives qui y règnent », affirme le président de la FNMR.

D’après un entretien avec le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR).

Antoine Dalat

Source : Bilan Spécialiste