Les cliniques négocient une prise en charge des dépassements d’honoraires par les complémentaires

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Publié le 29/06/2017
Après sa réélection triomphale pour trois ans à la tête de la Fédération de l’hospitalisation privée, Lamine Gharbi (photo) propose une feuille de route copieuse. Un reste à charge zéro en milieu hospitalier est même avancé. Analyse.
visuel Gharbi

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C’est l’effet cloud, Lamine Gharbi est sur un petit nuage après sa réélection triomphale pour un second mandat de trois ans. Certes, Il n’avait pas à affronter d’autre concurrent. Mais en dépit de l’absence d’enjeux, la participation a été très forte avec un taux de 81 %. Cette incontestable légitimité efface les années Marisol Touraine, « Nous avons perdu cinq ans. » Et lui donne des ailes pour opérer des transformations majeures et rêver d’un nouveau monde.

500 millions d’euros à prendre en charge

Exemple un reste à charge zéro en milieu hospitalier. L’optique et le dentaire, c’est bien, mais pourquoi pas l’hôpital. Cela ne relèverait pas de l’utopie, rétorque en substance Lamine Gharbi. La facture des dépassements d’honoraires s’élève à 700 millions dont 200 sont déjà remboursés par les complémentaires. Reste donc 500 millions à financer, soit 0,26 % des dépenses de santé. « Ne me dites pas que nous ne pouvons pas prendre en charge l’hospitalisation à 100%. » Des négociations seraient même en cours avec les complémentaires. La FHP invite là à un changement complet de paradigme. Plutôt que de limiter, voire d'interdire les dépassements d’honoraires jugés inévitables, la FHP invite le gouvernement à les financer. Ce qui écarterait tout renoncement aux soins. Mais avant d’atteindre cet objectif, l’urgence est bien de restaurer la confiance et l’équité avec les autres secteurs hospitaliers.

Convergence ?

Les revendications plus anciennes comme la reprise du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice), la suppression de la dégressivité tarifaire au-delà d’un certain seuil d’activité, une mesure qui relève d’une logique de rationnement selon Lamine Gharbi, et un moratoire sur le nouveau mode de financement des établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR). Trente pour cent des établissements SSR seraient menacés de fermeture dans les deux ans en cas de maintien de la réforme. Outre le choc économique et social, un risque de rupture de l’offre de soins est soulevé. Sans attendre, des cliniques MCO affrontent également de sérieuses difficultés. Une enveloppe de dix millions d’euros est dédiée à ces établissements. La FHP appelle à multiplier par quatre ce montant. La feuille de route comprend également la réforme des autorisations d’activité (obtenir un délai de dix ans au lieu de cinq aujourd’hui), Ce qui accroîtrait la sécurité juridique et financière des établissements. L’accès au service public hospitalier est une autre revendication de la FHP. Enfin, Lamine Gharbi attend bien de voir se confirmer une promesse du candidat Emanuel Macron, l’ouverture des GHT au privé.

Dans ce catalogue copieux, combien de demandes seront retenues par Agnès Buzyn ? En attendant, Lamine Gharbi et la FHP savourent encore le goût de la victoire. L’atterrissage est programmé à l’automne.

FHP

Source : lequotidiendumedecin.fr