Les hôpitaux publics, touchés par un déficit historique, ont appelé vendredi l'exécutif à augmenter « significativement » leurs tarifs d'hospitalisation devenus « obsolètes », en raison notamment de l'inflation, en ciblant particulièrement les hospitalisations complètes et prises en charge lourdes.
Les tarifs actuels « ne permettent plus de financer l’activité réelle des hôpitaux », alerte la Fédération hospitalière de France (FHF). « Depuis 2020, l'évolution des tarifs n'a pas permis de couvrir la hausse des coûts réels des établissements, qui s'explique par l’évolution de la typologie des patients pris en charge et de la dynamique des coûts salariaux », écrit-elle dans un communiqué, estimant que les tarifs ont décroché de « 9 à 10 % depuis 2020 ».
La campagne tarifaire dans tous les esprits, une équation impossible ?
Dans un contexte de finances contraintes, les pouvoirs publics doivent prochainement rendre leurs arbitrages concernant l’évolution pour 2024 des tarifs d’hospitalisation pris en charge par l'Assurance-maladie, comme ils le font chaque année dans le cadre de la fameuse campagne tarifaire. Ces grilles de prix déterminent environ 60 % des recettes des hôpitaux publics, contre 70 % pour les hôpitaux privés non lucratifs et 80 % pour les cliniques, selon la Cour des comptes.
Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé, a indiqué ce vendredi, lors d'une visite à l'hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis), que les arbitrages sur les grilles tarifaires seraient rendus par le gouvernement « dans les 15 jours ». « Après les années Covid, après l'accompagnement massif des établissements (...) la rivière rentre dans son lit et on va essayer d'ajuster les choses sur le plan financier le mieux possible », a-t-il prévenu.
Des déçus à prévoir
Pas de quoi rassurer les établissements de santé… Pour le gouvernement, cette campagne tarifaire 2024 a tout d'une équation impossible. Hôpitaux publics mais aussi cliniques privées réclament chacun une augmentation d'environ 10 %. Mais la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2024 ne prévoit qu'une hausse de 3,2 % de l’objectif national des dépenses d'Assurance-maladie (Ondam), c’est-à-dire trois fois moins.
Il y aura donc des déçus. Sans compter que depuis, Bercy a révisé à la baisse ses prévisions de croissance et annoncé de nouvelles économies. Pour la FHF, l’inflation récente et les « utiles mesures de revalorisation salariales » (mesures du Ségur de la Santé, revalorisations dans la fonction publique, hausses des gardes de nuit et week-end) n'ont été que partiellement compensées. « Même les établissements disposant d’une activité dynamique connaissent une dégradation de leur situation financière » et le déficit cumulé des établissements « a doublé entre 2019 et 2022 » pour atteindre 1,6 milliard d’euros en 2023, alerte la fédération.
Dans ce contexte, l'exécutif, plaide la FHF, doit soutenir tout particulièrement les spécialités qui prennent en charge des cas lourds et complexes « avec nuitées »: médecine en hospitalisation complète, chirurgie lourde, soins critiques et réanimation. « L'urgence » est aussi de résorber « la dette de santé publique » : entre le début de la crise sanitaire en 2020 et la fin 2023, rappelle la fédération, « 3,5 millions de séjours hospitaliers en médecine et en chirurgie n’ont pas été réalisés », notamment pour les « personnes de plus de 80 ans dont le nombre de séjours demeure inférieur de 8,9 % par rapport à 2019 ».
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