Covid : le CHU de Toulouse bascule en hôpital en tension, les soignants réticents à retourner au front

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Publié le 30/09/2020
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Crédit photo : S.Toubon

Réorganisation des urgences, report de certains actes, libération de lits… Face à la seconde vague, le CHU de Toulouse adapte ses modalités de prise en charge au jour le jour. Objectif ? Éviter une nouvelle fermeture des blocs et des déprogrammations de masse.

Le rythme n’est pas aussi explosif qu’en mars dernier, mais suffisamment quand même pour que le CHU de Toulouse ait décidé, en accord avec l’ARS, la mise en œuvre du plan hôpital en tension, ce 28 septembre.

Depuis fin août, l’établissement voit ses indicateurs quotidiens se dégrader lentement et sûrement. À date, le 29 septembre, il recense 85 patients covid + hospitalisés, dont 20 sont en réanimation, 15 en soins intensifs et sous surveillance continue et 50 en hospitalisation classique. « Ce qui a changé depuis le printemps dernier, c’est que les patients Covid restent moins longtemps hospitalisés, une dizaine de jours en moyenne contre trois semaines pendant la première vague ; de ce fait, le turn-over entre les entrées et les sorties est plus fluide », décrit le Dr Béatrice Riu-Poulenc, chef de service réanimation polyvalente à l’hôpital Purpan. Son service dispose actuellement de 16 lits dont la moitié est occupée par des patients Covid. En mars dernier, au plus fort de la crise, il y en avait 26. Même observation au service des maladies infectieuses dirigé par le Pr Pierre Delobel. « Hier, j’ai enregistré 20 sorties de patients et 20 entrées, en revanche leur profil évolue peu et le virus n’a pas muté, il n’est pas moins virulent », prévient-il.

Aux urgences, tenir sur la durée

Le plan hôpital en tension, qui précède le basculement en plan blanc, a aussi entraîné depuis le début de la semaine, la réorganisation du service des urgences. « Nous avions atteint sur les deux sites de Rangueil et Purpan le seuil de 15 patients suspectés Covid en même temps, décrit le Pr Sandrine Charpentier, chef des services des urgences du CHU. Il s’agit de patients en défaillance respiratoire, qui sont couchés et doivent être isolés. Ce seuil élevé justifiait la mise en place de flux distincts, pour que les patients suspectés Covid et les non Covid ne se croisent plus. »

Depuis le début de la semaine, les patients se présentant d’eux-mêmes aux urgences et ne présentant pas de signes de gravité sont en revanche réorientés vers la médecine de ville ou un autre service d’urgence, après avoir vu un infirmier d’orientation et d’accueil. « C’est un basculement que nous faisons déjà en période de grippe hivernale ou en période estivale, explique l’urgentiste. Mais cette fois-ci, la situation est partie pour durer, c’est pourquoi il est indispensable de ne pas engorger les urgences avec des cas bénins afin de continuer à prendre en charge les cas graves hors Covid. »

Frilosité face à la seconde vague

Pour monter en charge et ouvrir des lits en prévision de cette seconde vague, la direction du CHU annonçait il y a quelques jours son intention de recruter 500 soignants rapidement. Mais elle indique aujourd’hui se heurter à des difficultés, faute de candidats suffisants. Dans les services pourtant, les besoins sont là. « Nous avons besoin de lits et de personnel pour faire face », confirme le Pr Riu-Poulenc. Si nos équipes ont moins d’appréhension face à la maladie qu’en mars dernier, elles n’ont pas follement envie d’y retourner. Nous faisons donc beaucoup de pédagogie et des points d’étapes très réguliers pour les tenir informés de l’évolution de la situation au CHU. »

Le plan hôpital en tension et l’augmentation continue du nombre de patients justifient le report de certains actes non urgents (jusqu’à 20 %) dans les tout prochains jours, ainsi que le passage à l’étape 2 en réanimation. « Nous allons disposer de 20 lits de réa (au lieu de 16, NDLR). Enfin, nous allons sans doute, en accord avec l’ARS, remettre en place une régulation régionale car à ce jour, le CHU de Toulouse concentre beaucoup de patients Covid », pointe le Dr Riu-Poulenc.

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr