Refonte progressive de la tarification à l'activité

Comment le Dr Olivier Véran veut décongestionner les urgences

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Publié le 02/06/2016
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Dans son rapport d'étape sur la réforme de la T2A, le Dr Olivier Véran ouvre une nouvelle piste de financement des services d'urgences, fondée sur une coopération accrue entre la ville et l'hôpital.

Pour désengorger les services hospitaliers, l'ancien rapporteur socialiste du projet de loi santé suggère la création d'un « forfait de réorientation », « suffisamment attractif », destiné à inciter les hospitaliers à adresser les patients sans critères de gravité, venus par leurs propres moyens à l'hôpital, vers les structures ambulatoires les plus proches (centres et maisons de santé, maison médicale de garde en dehors des heures d'ouverture). « Il faut qu'une partie des économies générées par la baisse des fréquentations des urgences soit reversée à l'hôpital », argumente le neurologue grenoblois. 

Réorienter la bobologie

Dans son rapport, Olivier Véran fait valoir que le modèle tarifaire en vigueur aux urgences – en grande partie lié à l'activité des équipes – ne pousse pas à réorienter les cas de « bobologie ». « Le financement actuel ne favorise pas la mobilisation des établissements sur des projets d'organisation territoriale, écrit-il. L'établissement n'a aucun intérêt à rediriger les cas les plus légers car seuls resteraient aux urgences les cas les plus lourds qui sont, en l'état actuel, sous-financés. » L'hôpital de Poissy-Saint Germain en Laye (Yvelines) a ainsi perdu 400 000 euros en ayant réorienté 5 000 patients vers une maison de garde gérée par des pédiatres libéraux…

Quel serait le montant de ce forfait ? Olivier Véran part du principe qu'il devra être inférieur au coût d'une prise en charge aux urgences sans hospitalisation – 125 euros en moyenne. Le bénéfice serait double : des économies pour l'assurance-maladie (la prise en charge en ville étant moins onéreuse) et un gain de temps médical pour les urgentistes. 

Condition sine qua non à la bonne marche du système, selon le Dr Véran : une prise en charge des patients « réorientés » à tarif opposables. Simple proposition, cette réforme pourrait trouver sa place dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), débattu par les parlementaires à l'automne.

 

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9501