Chez l'adulte

Les principales urgences en médecine générale

Par
Publié le 04/02/2019
urgences

urgences
Crédit photo : Phanie

Selon une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la santé publiée en avril 2016, les médecins généralistes « doivent interrompre ou modifier leur activité pour répondre aux urgences médicalement avérées ou ressenties comme telles par le patient dans 3 % de l’ensemble de leurs consultations et visites ».

Urgences vitales, fonctionnelles et psychiatriques

Selon la Dr Anne-Laure Feral-Pierssens, médecin urgentiste à l'hôpital européen Georges Pompidou de l'APHP, à Paris, « il existe différentes catégories d'urgences auxquelles le médecin généraliste peut être confronté chez un adulte ». Il s'agit, en premier lieu, des signes de détresse ou d'urgence vitale : la défaillance neurologique (patient confus, troubles de la vigilance), cardiovasculaire (hypotension, fréquence cardiaque élevée, extrémités très froides, marbrures, etc.) et respiratoire (dyspnée importante, difficulté à la parole, tirage musculaire, balancement thoraco-abdominal, etc.). Des signes de défaillance « qui peuvent se retrouver dans toutes les pathologies, que le patient ait une infection, une péritonite, un choc hémorragique, etc. », indique la professionnelle.

Les signes d'urgences fonctionnelles, ceux qui ne mettent pas en danger la vie du patient mais nécessitent une intervention médicale ou chirurgicale rapide pour préserver l'intégrité d'un organe ou d'une fonction (plaie, fracture, occlusion intestinale, etc.), doivent également alerter le médecin. Ainsi que certaines douleurs intenses nécessitant l’administration de traitement intraveineux (comme la colique néphrétique) et les urgences psychiatriques.

Pathologies chroniques et comorbidités

En dehors de ces signes cliniques, le terrain particulièrement fragile d'un patient peut également amener le médecin généraliste à orienter celui-ci vers un service d'urgences même s'il ne présente pas de signes de détresse vitale. Ainsi, « un patient immunodéprimé fébrile peut ne pas présenter les mêmes signes de gravité qu’un patient immunocompétent », indique la Dr Feral-Pierssens. « Ici, le médecin généraliste doit être plus vigilant et éventuellement adresser son patient aux urgences, précise l'urgentiste, qu'il s'agisse de malades sous chimiothérapie, transplantés, qui prennent des médicaments spécifiques ou bien de personnes âgées chez lesquelles des troubles de la vigilance peuvent être le seul signe d'une infection sévère », ajoute-t-elle.

Appel préalable au 15

En situation d'urgence, il est également capital que le patient soit envoyé directement dans le bon circuit pour lui éviter une perte de chance. « Si le médecin ne connait pas la structure hospitalière ou les structures d'aval du service des urgences dans lequel il va envoyer son patient, il doit s'adresser à la régulation médicale (le 15) pour identifier l'établissement le plus adapté à la situation du malade », indique la médecin. Lorsque le patient est adressé aux urgences, il est toujours possible et même recommandé au généraliste de prendre contact avec le médecin coordonnateur des urgences, ce qui permettra au service d'accueil de collecter des informations indispensables à la prise en charge car « il y a toujours des informations qui se perdent entre le cabinet du médecin et le médecin urgentiste », indique la Dr Feral-Pierssens. Cela permettra également aux urgences d’accueillir le malade dans de bonnes conditions en ayant déjà prévu la suite du circuit (hospitalisation, spécialiste prévenu, etc.) et d’éviter d’adresser le patient dans un établissement qui ne dispose pas de la spécialité nécessaire.

Stéphany Mocquery

Source : Le Quotidien du médecin: 9721