À la régulation du SAMU, dans les hôpitaux, en ville… 

À Lille, des bataillons de carabins mobilisés face au Covid-19

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Publié le 03/04/2020

Des étudiants en médecine formés et rémunérés prêtent main-forte aux régulateurs entre 8 heures du matin et minuit, sept jours sur sept. 800 autres sont volontaires pour se déployer dans les services hospitaliers en souffrance et en ville.

C'est une petite armée d'étudiants en médecine qui s'est formée en moins de trois semaines pour épauler la cellule de régulation Covid-19 du SAMU du Nord, à Lille. 

Plus de 300 carabins s'y relaient chaque jour, par groupes de 20, sur trois plages horaires de quatre heures, entre 8 heures du matin et minuit, sept jours sur sept.

À la manœuvre, le patron du SAMU 59, le Dr Patrick Goldstein. « Face à l'afflux massif d'appels, il nous a proposé de former des étudiants à la régulation », raconte au « Quotidien » le Pr Dominique Lacroix, doyen de la faculté de médecine de Lille. Sont ciblés les étudiants de troisième, quatrième et cinquième année : les premiers parce qu'ils ont déjà effectué leur service sanitaire ; les autres parce qu'ils ont déjà fait des stages à l'hôpital. 

Double écoute

« Au début, nous n'étions que trois dans la salle de débordement du SAMU, raconte Antoine Bidault, étudiant de cinquième année, représentant élu des étudiants en médecine de la faculté. À présent, nous disposons de 30 ordinateurs dans une salle dédiée de l'Institut Gernez-Rieux [l'institut de formation en soins infirmiers du CHU, fermé actuellement, NDLR]. »

Alertés par les réseaux sociaux, les carabins recrutés ont suivi une formation rapide portant sur le logiciel de gestion de la régulation, le questionnaire et l'algorithme utilisés pour analyser les symptômes et les possibilités d'orientation (médecin traitant, centre de référence Covid-19, avis du médecin régulateur, etc.). « Il y a aussi une phase de double écoute systématique avec un assistant de régulation médicale (ARM) », poursuit Antoine Bidault. Les étudiants impliqués dans cette opération de renfort ont signé un contrat avec le CHU et sont rémunérés à l'heure. Dans leur salle de régulation installée par le CHU « du jour au lendemain », souligne Antoine Bidault, les apprentis régulateurs ne sont pas seuls. « Il y a toujours au minimum un ARM et trois à cinq médecins régulateurs », explique le jeune homme.

Compagnonnage

Les étudiants en médecine de Lille sont également mobilisés sur d'autres opérations.

Plusieurs dizaines de carabins de deuxième et troisième année participent à la garde des enfants des soignants organisée dans trois garderies créées par le CHU.

Une troisième opération de grande ampleur se met également en place depuis le 24 mars. Elle concerne certains des 150 étudiants qui étaient en stage dans des cabinets de ville et n'ont pas pu y rester du fait des mesures insuffisantes de protection, ceux qui étaient en stage dans des services qui ont fermé à cause de la crise sanitaire, mais aussi, plus globalement, les étudiants de quatrième, cinquième et sixième année dont tous les stages sont suspendus. « Nous avons mis en place un système d'offre et de demande, approuvé par l'agence régionale de santé, explique le Pr Dominique Lacroix. Nous avons demandé aux hôpitaux de toute la région, aux cabinets de médecine générale et aux maisons de santé habitués à recevoir des externes s'ils avaient besoin de bras et si oui pourquoi. En 48 heures, nous avons reçu 60 demandes pour un à sept externes, soit une nécessité de 400 externes en tout. »

Les sollicitations sont innombrables : le secteur sanitaire a besoin d'aide pour la permanence des soins, l'orientation des patients dans les cabinets libéraux et maisons de santé mais aussi pour les services de réanimation, maladies infectieuses et gynéco-obstétrique, les unités Covid-19 et l'assistance sur des projets de recherche clinique. Le doyen a lancé mercredi dernier un appel à volontariat. Résultat : 800 réponses d'étudiants en 24 heures...

 

De notre correspondante Géraldine Langlois

Source : Le Quotidien du médecin