Urgences : l'hôpital de Laval manque de lits d'aval, son directeur déclenche un plan blanc « pédagogique »

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Publié le 07/11/2019

Crédit photo : Photo d'illustration S. Toubon

Aux grands maux les grands remèdes. Mercredi 6 novembre, la direction du centre hospitalier de Laval (Mayenne) a déclenché le plan blanc, faute de lits d'aval suffisants pour prendre en charge les patients admis aux urgences.

Le procédé peut surprendre. Car le plan blanc, mis en place depuis 2004, est censé permettre aux hôpitaux de répondre aux « situations sanitaires exceptionnelles » telles qu'un attentat, un phénomène climatique extraordinaire, un risque NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) ou une épidémie.

Mais André-Gwenaël Pors, le directeur du CH de Laval, assume. « Nous faisions face à un embouteillage, douze patients attendaient un lit depuis la veille », raconte-t-il au « Quotidien ». C'est la raison pour laquelle, après une réunion de crise en interne et avec l'accord de l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire et de la préfecture, il a déclenché le dispositif « en début d'après-midi » avant de le suspendre « vers 19 heures 30 ».

En pratique, l'activation du plan blanc a permis à l'établissement de déprogrammer les hospitalisations de médecine les moins graves et de faire appel aux hôpitaux voisins. Sur les douze patients en attente d'un lit, « un a été pris en charge par la polyclinique du Maine, un par l'hôpital de Mayenne et plusieurs par des hôpitaux locaux de la région », détaille André-Gwenaël Pors.

Embouteillage

Ce jour-là, le CH de Laval ne faisait pourtant pas face à un afflux de patients exceptionnel. La moyenne de 100 passages aux urgences par jour était respectée assure le directeur. Selon lui, « l'embouteillage » trouve trois explications.

Premièrement, André-Gwenaël Pors fustige la « mauvaise volonté » de certains services pour libérer de la place aux patients qui sortent des urgences. Il pointe aussi le temps mis par certaines familles des patients envoyés en EHPAD à choisir une résidence. « Sur les quatre EHPAD du centre hospitalier, deux sont dans un état très vétuste », tente d'expliquer le directeur. Enfin, une maintenance informatique a contraint le service d'hospitalisation à domicile à ralentir son activité, passant de 35 patients pris en charge par jour à 26.

André-Gwenaël Pors assume avoir déclenché le plan blanc « presque à titre pédagogique ». « Il fallait marquer le coup sur la solidarité entre services et préparer aux évolutions organisationnelles à venir », ajoute-t-il. Car pour assurer un nombre de lits d'aval suffisant (estimé à 20 par la direction) et fluidifier le parcours des patients, l'hôpital a engagé plusieurs chantiers. Une cellule d'ordonnancement pour faciliter la gestion des lits devrait voir le jour mais « les recrutements d'infirmiers sont compliqués sur la région », explique le directeur. En outre, un service de médecine polyvalente va être créé.

D'ici là, André-Gwenaël Pors se dit vigilant. « Une veille est en place pour savoir si on relance le plan blanc ou non. »


Source : lequotidiendumedecin.fr