Dr Sayaka Oguchi : cette culture mérite de perdurer... pas le sexisme !

Publié le 09/07/2018
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Dr Sayaka Oguchi

Dr Sayaka Oguchi
Crédit photo : remede.org

Cette question de faut-il effacer TOUTES les fresques carabines, le SNJMG n’y est pas favorable. En effet, c’est une culture qui mérite de perdurer mais aussi d’évoluer avec l’envie des différentes générations et à chacun(e) d’y contribuer car elles sont normalement un art collaboratif, modifiable par chaque promotion.

Certaines fresques sont mêmes en cours d’examen pour être reconnu par l’UNESCO au patrimoine de la médecine. À l’origine, les fresques qui ornaient les salles de garde représentaient de façon très digne les valeurs de la médecine, le trait faisait allégeance à la morale. Un long virage a commencé à opérer au milieu du XIXe siècle. Il semblerait que les fresques qui amorcent ce virage soient la fresque de Gustave Doré « Esculape » exécutée pour la Charité. Avec le peintre Bellery-Desfontaines qui officiait discrètement à la Charité dans les années 1890 commence la caricature.

Cette mutation a connu une certaine accélération à la libération sexuelle et s’est amplifiée jusqu’à nos jours. On peut donc imaginer que le contenu se modifiera avec l’évolution. Pour ma part, les rares salles de garde où j’ai eu l’occasion de passer du temps pendant mon internat avaient des fresques avec un côté très caricatural sur des chefs présents, un peu dévergondées mais aucunement sexistes. J’ai aussi passé de bons moments avec mes collègues, avec des échanges, une convivialité qui a probablement forgé une forme de corporatisme chez moi.

Pas si anodines

Cependant, le SNJMG n’est pas favorable à des fresques sexistes et placées hors des salles de garde comme cela était le cas de la fresque de l’hôpital de Purpan à Toulouse. Le SNJMG a soutenu le collectif « jeudi 11 » dans cette action car le sexisme s’insinue par des choses qui peuvent paraître anodines (mais cela ne l’est pas). C’est un principe assez similaire dans la manipulation opérée par les firmes pharmaceutiques auprès des médecins. Un autre combat depuis l’origine de la création du SNJMG qui n’a jamais et ne sera jamais financé par des firmes pharmaceutiques pour garder une liberté de penser et d’agir.

Le SNJMG avait invité l’association « pour une meuf » aux assises de mars 2018 permettant une prise de conscience, une réflexion autour du thème du sexisme dans le monde médical ; et qu’il y avait quelquefois toute l’organisation de certaines spécialités qui l’était devenue même si les acteurs internes de ces spécialités n’étaient pas pour autant sexistes.

Je pense que le médecin a un rôle éducatif important, notamment sur l’évolution des pensées par une action et aussi j’espère qu’il deviendra de plus en plus un modèle de comportement humaniste. Nous restons bien sûres humains donc avec des moments où cela ne va pas, et cela arrive, mais il ne faut pas s’en vouloir, mais alerter que cela ne va pas et se faire aider. Pour cela, un numéro vert anonyme a été lancé par l’ordre des médecins 0800 800 854.

Dr Sayaka Oguchi, Médecin généraliste à Valenton (94) Présidente du SNJMG

Source : Le Quotidien du médecin: 9676