Allergies alimentaires

Éviter l’exclusion des enfants scolarisés

Publié le 04/05/2015
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Les cantines municipales sont invitées à accueillir les enfants souffrant d’allergie

Les cantines municipales sont invitées à accueillir les enfants souffrant d’allergie
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

En constante augmentation, les allergies alimentaires potentiellement graves touchent de 2 à 3 % des enfants scolarisés. L’allergie alimentaire se manifeste le plus souvent par une réaction immédiate avec urticaire, démangeaisons, vomissements, voire un œdème de Quincke. Parfois, la réaction est plus violente avec un bronchospasme, et dans les cas les plus sévères, un choc anaphylactique.

« En effet, les enfants qui présentent une allergie alimentaire ont très souvent un asthme associé qui doit être impérativement recherché et traité. On déplore plus de décès par bronchospasme que par choc anaphylactique chez des enfants allergiques alimentaires dont l’asthme n’est pas stabilisé », déclare le Dr Michel Bouvier (allergologue à Lyon). Les principaux allergènes alimentaires chez les enfants sont : le lait de vache, les œufs, l’arachide et autres fruits à coque (noix de cajou, pistache, noisette), le poisson... L’allergie au lait de vache disparaît assez vite (3 ans), celle à l’œuf vers l’âge de 7 ans. « Au contraire, les allergies à l’arachide et à la noix de cajou, sont des allergies le plus souvent fixées, l’enfant devra vivre avec toute sa vie », explique le Dr Bouvier. On retrouve plus rarement d’autres aliments comme la moutarde, le sésame, les légumineuses (pois, lentilles) les fruits (kiwi, pêche, figue...). Il faut se méfier des allergènes masqués et notamment, des sauces au pesto qui renferment des noix de cajou d’où l’importance de la lecture des étiquettes. L’allergie peut aussi survenir après un contact cutané. « C’est ainsi qu’un des premiers conseils à donner à un enfant allergique est de bien se laver les mains avant de passer à table. Quant aux adolescents, il existe des réactions suite à une transmission par la salive, dite "par le baiser", il faut également les prévenir... »

PAI et trousse d’urgence

Afin que l’enfant allergique puisse suivre sa scolarité dans les meilleures conditions, un projet d’accueil individualisé (PAI) peut être mis en place sur demande des parents en collaboration avec le médecin généraliste ou spécialiste qui soigne l’enfant, l’établissement et la mairie. Il décrit les aliments responsables, les signes d’alerte et le traitement à donner. L’école aura ainsi avec le PAI une trousse d’urgence. Le contenu de la trousse d’urgence a été validé par le groupe d’experts « aliment » de la Société française d’allergologie. Le contenu varie selon les choix de l’allergologue et la sévérité de l’allergie alimentaire : un antihistaminique, un bêta 2 mimétique de courte durée d’action avec une chambre d’inhalation en cas de crise asthme et un stylo auto-injectable d’adrénaline. « Il faut bien prendre le temps d’éduquer les parents ou les adolescents à la manipulation de ce stylo : savoir à quel moment réalisé l’injection et bien maîtriser la technique », précise le Dr Bouvier. Le PAI est destiné à faciliter l’accueil à l’école des enfants présentant une maladie chronique, mais en dépit des consignes officielles invitant les cantines municipales à accueillir les enfants souffrant d’allergie alimentaire, dans de nombreuses villes, comme à Lyon ou Vénissieux, les maires refusent encore d’accueillir les enfants porteurs d’allergie à l’arachide ayant un PAI contenant un stylo d’adrénaline. Cette éviction est parfois mal vécue par l’enfant et les parents qui considèrent cela comme une injustice et une discrimination pouvant nuire à la bonne socialisation de l’enfant. Il y a aussi les paniers repas pour les cas moins sévères. « L’enfant qui a un panier-repas préparé par ses parents se sent stigmatisé. Il mange à part, sans ses amis… mais il mange à la cantine », ajoute le Dr Bouvier. Dans les petites communes, le dialogue avec le maire est souvent plus facile et il y a généralement moins de difficultés à ce niveau-là.

 

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9409