Trois scénarios pour une négociation. C’est l’équation que pose Étienne Grass dans un article publié dans Les Tribunes de la Santé. Décrivant « Les chemins escarpés de la négociation conventionnelle 2016 », cet ancien directeur de cabinet de Nicolas Revel, membre de la Chaire santé de Sciences Po explore les directions que peut prendre celle-ci, compte tenu de marges de manœuvre financières très limitées. Le point de départ étant, selon lui, de satisfaire à la principale revendication des médecins : un C à 25 euros.
Première hypothèse envisagée : une dérogation à « la contrainte financière » qui permettrait, grâce notamment à une hausse de 2 euros du C, de faire sensiblement progresser les revenus des médecins par rapport aux autres ménages. Incongru et pourtant Étienne Grass ne juge pas l’hypothèse sans fondement. Elle repose sur l’idée d’« une préférence collective de la société pour une amélioration de la rémunération des médecins », décrypte-t-il, à l’œuvre, selon lui, lors des dernières négos. Reste que la revalorisation réclamée par les syndicats représente « une marche d’escalier huit fois supérieure à celle qu’enregistrait la société en 2015 (moins de 1 %) ». Pas sûr que le gouvernement cautionne cet effet.
Tout aussi radicale, la deuxième option repose sur l’absence d’effort financier de la part de la Caisse. Il n’y aura dès lors pas « d’espace de négociation pour entamer des discussions conventionnelles ». Étienne Grass souligne, en effet, que « les revendications des syndicats sont aujourd’hui beaucoup trop éloignées des possibilités réelles de la Sécu ». Scénario peut être « le plus rationnel », « il ne paraît néanmoins pas probable », soutient l’auteur qui penche donc plutôt pour la troisième hypothèse : la recherche de « voies de passage entre la contrainte financière pluriannuelle et les revendications initiales des syndicats ». Mais, pour arriver à la conclusion d’une convention comprenant une revalo du C, Étienne Grass note que les partenaires devront s’entendre sur des économies en matière de prescriptions médicales. Ou accepter de réorganiser « le soutien de l’Assurance maladie aux médecins », au regard notamment de la prise en charge de leurs cotisations sociales, qu'on pourrait, rappelle-t-il, moduler selon les lieux d'installation.
Article suivant
Quels oracles chez les sphinx ?
Les trois scénarios d'un expert
Quels oracles chez les sphinx ?
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre
Mélanie Heard (Terra Nova) : « Une adhésion massive des femmes à Kamala Harris pour le droit à l’avortement »
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique