Editorial

Cadres sup ?

Publié le 06/10/2017
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Jean Paillard

Jean Paillard

Le salariat serait-il l’avenir de la médecine générale ? Il y a encore vingt ans, le simple fait de poser la question aurait fait bondir la plupart des médecins de ville, les plus décontractés balayant l’hypothèse d’un haussement d’épaules… Vieux réflexes d’une médecine libérale dominante, sûre d’elle-même et aux effectifs encore perçus comme pléthoriques ? Peut-être. Aujourd’hui, la donne a un peu changé. Et même si 95 % des acteurs ambulatoires exercent encore en indépendants, on voit fleurir çà et là des projets de centres de santé, souvent à l’initiative d’élus locaux. Foin de toute idéologie, pour les édiles nécessité fait loi ; et les jeunes qui les rejoignent mettent en avant un pragmatisme bon teint, attirés qu’ils sont à la fois par un cadre rassurant et par un exercice pluridisciplinaire stimulant.

Dans ce contexte, que sera demain la médecine salariée pour la médecine libérale ? Un partenaire, un concurrent, un prédateur ? Peut-être une simple alternative après tout. Voire une solution temporaire, avancent certains élus, comme le patron de la Saône-et-Loire qui, la semaine passée dans ces colonnes, jurait que la moindre installation d’un généraliste en libéral suffirait à lui faire fermer aussitôt une de ses antennes salariés. On le croit volontiers sur parole, vu le coût du salariat médical pour la collectivité et sachant qu’en zone reculée, il n’est pas toujours si simple pour un centre de santé de trouver, comme ça, au débotté, candidat au salariat…

Reste qu’à tant cohabiter et à défaut de s’imposer, la médecine salariée pourrait bien un jour s’hybrider avec sa cousine libérale. Ne souriez pas ! Le mouvement est déjà à l’œuvre, où l’on voit la médecine « de papa » s’imprégner doucement, comme par capillarité, des règles du jeu du monde de l’entreprise. Cela prend la forme de nouveaux statuts, comme celui du collaborateur libéral ou, plus récemment, celui de praticien territorial de médecine générale. Un PTMG dont le succès ne se dément pas et qui s’explique à la fois par le plus de couverture sociale et le revenu garanti qu’il offre aux jeunes toubibs… Le futur de la profession passera sans doute par l’extension de ces nouveaux cadres. Plus confortables et moins risqués, ils séduisent les praticiens. Et à la différence du salariat, ils ne constituent pas une menace pour le système de retraite des médecins libéraux…

Jean Paillard

Source : lequotidiendumedecin.fr