Tris questions à François Simon*

« Ces nouveaux modes d’exercice favorisent les installations »

Publié le 09/05/2014
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Les maisons de santé n’étaient que 240 en 2013, elles sont 436 en 2014 et seront 1 000 en 2015. Quel est votre sentiment sur cette croissance exponentielle ?

François Simon. L'Ordre ne peut que se féliciter du développement des maisons de santé. Dans la mesure où l'on sait que les médecins – les jeunes en particulier – ne veulent plus travailler seuls mais regroupés, ces nouveaux modes d'exercice les attirent et favorisent les installations. L'Ordre des médecins a contribué à faciliter ces regroupements en faisant évoluer la déontologie. Dès 2008, le Conseil de l’Ordre a adopté, en concertation avec les autres Ordres, des nouvelles règles permettant l’exercice regroupé pluriprofessionnel : partage de locaux, etc. Ces recommandations ont été modifiées plus tard pour intégrer le partage de l'information désormais possible depuis la publication de la loi Fourcade.

Pourtant l’Ordre n’a pas toujours été favorable à l’exercice regroupé…

F. S. Lorsque les médecins ont commencé à se regrouper, dans les années 1960 et 1970, il s’agissait de regroupements monodisciplinaires de médecins spécialistes et surtout de généralistes. Il semble qu’à l’époque, l’Ordre n’ait pas accueilli d'un bon œil cette « médecine de groupe » et n'ait pas été facilitateur… Il faut dire qu’il s’agissait d’un grand changement – pour ne pas dire d’une révolution – à une époque où l'exercice de la médecine en général et de la médecine générale en particulier était basé sur une relation exclusive, quasi fusionnelle, entre le patient et son médecin toujours présent ! La possibilité de partage de l’information dans le cadre d'un groupe médical pour la continuité des soins avait semé le trouble dans l'institution qui considérait qu'il y avait là une grave mise en danger du secret médical.

Votre charte de bonnes pratiques sur les coopérations entre professionnels de santé peut-elle être vue comme une sorte de garde-fou ?

F. S. Le Cnom a rédigé et adopté récemment un texte de doctrine listant les grands principes qui doivent régir les relations entre professionnels de santé dans le cadre des coopérations interprofessionnelles qui ne sont pas nouvelles dans la réalité des exercices où elles ont largement précédé la publication des protocoles définis à l'article 51 de la loi HPST. Le Cnom y confirme la place singulière que doivent continuer de tenir les médecins, notamment dans le premier recours et l'entrée dans le système de soins. Il les appelle à ne pas se désinvestir de leurs propres missions.

* Président de la section exercice professionnel au Cnom.

Source : lequotidiendumedecin.fr