Editorial

Deux urgences

Publié le 10/02/2017
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Jean

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Décidément, l’Ordre n’a jamais été aussi actif qu’en cette fin de quinquennat. Omniprésent ces derniers mois dans la réflexion autour de la refonte du système de santé, son président, Patrick Bouet, vient d’annoncer un projet de réforme en quatre axes. Occasion pour le très entreprenant généraliste de Seine-Saint-Denis de secouer le cocotier à moins de trois mois de la présidentielle. Sur la forme, cela ne manquera pas d’agacer des syndicats plutôt jaloux de leurs prérogatives. Sur le fond, relevons cependant quelques convergences si l’on fait exception, bien sûr, de la recertification, toujours poussée par l’Ordre et dont les représentants des médecins libéraux ne veulent à aucun prix. Ou de l’extension de la liberté tarifaire réclamée par certains et que le Cnom se garde bien de reprendre à son compte.

Deux lignes forces sont en effet poussées dans le débat par les médecins. À commencer par la nécessité de leur redonner du temps médical. Pour y arriver, l’Ordre demande le développement de la e-santé, mais aussi la mutualisation des moyens administratifs. Un axe qu’on retrouve peu ou prou dans le « new deal » de la CSMF, dans le programme santé de la FMF ou via le « fonds d’intervention en soins primaires » que réclame toujours MG France. Alors que la crise démographique ne fait que commencer, il y a, en effet, urgence à recentrer les médecins sur leurs missions de base. Chantier néanmoins coûteux et moins innocent qu’il paraît : au-delà de l’accès au secrétariat, il suppose à terme la redéfinition du colloque singulier, du secret médical, voire du rôle de chacun, à l’aune de la télémédecine, du travail en équipe et de la délégation de tâches…

Autre priorité sur laquelle tout le monde s’accorde : la nécessité de repenser les relations ville-hôpital. Vaste chantier qui passe par une déshospitalisation des urgences, par une communication plus systématique des établissements vers les médecins libéraux, voire par une association de ces derniers au fonctionnement hospitalier. L’Ordre va assez loin dans cette direction puisqu’il propose d’unifier la couverture sociale des praticiens pour décloisonner davantage. Il y a là un vrai enjeu pour le système de santé et c’est peut-être un gisement important d’économies. Mais, là encore, pas si simple : de récentes bisbilles révélant qu’en fait d’échanges entre ces deux mondes, c’est parfois le dialogue de sourds qui prévaut… 

Jean Paillard

Source : lequotidiendumedecin.fr