« L’absence de reconnaissance pécuniaire est une des raisons du manque d’installation chez les jeunes médecins », explique le Dr Jean-Michel Perrot, installé seul à Besançon (Doubs). Directeur de thèse d’un interne en médecine générale, le praticien a suggéré à son étudiant qui réalisait un stage chez lui de travailler sur cette hypothèse. « Nous souhaitions alerter sur les facteurs qui rendent l’installation en libéral peu séductrice », ajoute le généraliste.
L’enquête réalisée en 2013 par Clément Bousson, aujourd’hui remplaçant à Chambéry (Savoie), auprès de 200 médecins généralistes francs-comtois, révèle une insatisfaction des médecins sur leur rémunération. Ils sont tout de même d’accord sur un point : la valeur actuelle du C est insuffisante (77%). Si les « vieux » médecins restent très attachés au paiement à l’acte, pour 75% des personnes interrogées, cela permet de conserver une autonomie d’exercice et ils sont nombreux à souhaiter son augmentation. A la question « quelle serait selon vous la valeur “appropriée” du C ? », l’étudiant a calculé une moyenne des réponses récoltées et cette dernière se situe à 33,80 euros. On est loin du C à 25 euros demandé par les syndicats…
Pour de nouveaux forfaits
Au-delà du paiement à l’acte, les résultats de cette enquête pointent surtout que l’approche de la rémunération est très différente entre les générations. Les plus jeunes privilégient une prise en charge globale du patient payée par mission. En ce sens, il n’est pas étonnant de voir que 90% des moins de 10 ans d’exercice sont pour l’introduction de davantage de forfaits, contre 71% pour les 10 à 20 ans d’exercice et 57% pour les plus de 20 ans d’exercice. « Les jeunes seraient plutôt favorables à un système à l’anglaise avec plus de forfaits et de mission », résume le Dr Perrot. Parmi les domaines souhaités dans lesquels les médecins généralistes souhaiteraient la création de nouveaux forfaits : la prévention (79%), l’éducation thérapeutique (76%) et les réunions de concertation (66%). Sur la Rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), quatre généralistes sur dix pensent qu’elle n’a pas d’intérêt pour la santé publique et 79% pensent que les indicateurs manquent de pertinence. Plus préoccupant : la moitié d’entre eux (53%) considèrent que la ROSP pose un problème d’éthique. Seuls 39% pensent qu’elle apporte une meilleure qualité des soins.
De leur côté, les jeunes sont toujours attirés par le salariat : 48,3% des moins de 10 ans d’exercice opteraient sans réticences pour ce mode d’exercice contre 29,8% pour les plus de 20 ans d’exercice. Mais ils ne sont pas les seuls : la recherche du salariat séduit plus encore les hommes après 10 ans d’exercice (53,8%).
Le C idéal : 33,80 euros selon un panel de généralistes
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