Une prise en charge à optimiser

Le travail c'est aussi la santé

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Publié le 02/05/2019
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Crédit photo : PHANIE

Les contraintes physiques ne sont pas moins importantes aujourd'hui qu'il y a 20 ans (1). Port de charges lourdes, travail en station debout prolongée, exposition aux secousses, aux vibrations ou au bruit intense… Restent stables pour toutes les catégories professionnelles. Par ailleurs, alors que l'on observe une baisse de la part de l'industrie dans la production nationale, les contraintes liées au rythme de travail ont tendance à augmenter. D'autres indicateurs pointent l'intensification du travail : les salariés sont par exemple de plus en plus nombreux à ne pas pouvoir quitter leur travail des yeux. Malgré un rythme toujours soutenu et un travail davantage morcelé et contraint, le sentiment de pression temporelle (le fait de devoir toujours se dépêcher) diminue toutefois depuis 1998 et se stabilise depuis 2016. Par ailleurs, si les comportements hostiles au travail (dégradants, méprisants, dénigrants) diminuent légèrement, ils restent fréquents lors de changements d'organisation du travail et de direction.

Mieux communiquer avec le médecin du travail

Les difficultés physiques ou psychiques des travailleurs peuvent conduire à des troubles, des maladies, des accidents… Le salarié est parfois contraint de s'arrêter de façon temporaire ou définitive. Médecin généraliste et médecin du travail doivent alors communiquer régulièrement pour optimiser la prise en charge du patient en arrêt maladie. Et favoriser le retour au travail de façon harmonieuse. « Ils doivent parler d'une même voix. Car le patient qui a été arrêté pendant longtemps et/ou qui garde des séquelles d'un accident a besoin d'être rassuré et d'entendre des discours convergents de la part des professionnels de santé qui le suivent », assure la Dr Audrey Petit, membre de la Société française de médecine du travail. Les deux médecins doivent notamment se mettre d'accord sur les objectifs concernant le patient : quand doit-il reprendre le travail ? À quel type de poste ? Un aménagement à temps partiel est-il nécessaire ? Toutes ces questions seront débattues précisément avant le retour au travail.

Le patient appréhende souvent la communication entre le médecin traitant et le médecin du travail. Une des peurs récurrentes est qu'à la suite de cet échange, le médecin du travail le déclare inapte. « Le généraliste doit rassurer le patient, en lui précisant que le médecin du travail agit dans l'intérêt des travailleurs. Et que la déclaration d'inaptitude est le dernier recours, en cas d'échec du processus du maintien en emploi », précise la Dr Petit. Enfin, le généraliste doit toujours demander au patient l'autorisation de divulguer les informations concernant sa santé au médecin du travail. « Cet échange peut s'effectuer par téléphone, en présence du patient lors de la consultation, ou via un courrier que le patient remettra au médecin du travail », précise la Dr Petit.

Session Ces patients qui sont aussi des « travailleurs » co-organisée avec la Cnam
(1) Enquête sur les conditions de travail des Français (1984-2016), élaborée par la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), en collaboration avec l'Insee et la direction générale de l'administration et de la fonction publique

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9746