Le pape demande de pardonner l’avortement

Publié le 01/09/2015

Crédit photo : TRUONG-NGOC

Le pape François a demandé mardi aux prêtres, pendant le "Jubilé de la miséricorde" qui débutera en décembre, d'accorder le pardon aux catholiques repentants qui ont avorté ou provoqué l'avortement. Dans une lettre adressée à l'organisateur de cette "Année Sainte" (ou Jubilé), le prélat italien Rino Fisichella, Jorge Bergoglio a annoncé diverses dispositions concrètes pour que la possibilité de voir ses fautes pardonnées (ce que permet un jubilé dans la tradition catholique) bénéficie au plus grand nombre.

La disposition la plus frappante concerne l'avortement : le pape, qui a qualifié l'avortement d'"horreur", déclare avoir "décidé, nonobstant toute chose contraire, d'accorder à tous les prêtres, pour l'Année jubilaire, la faculté d'absoudre du péché d'avortement tous ceux qui l'ont provoqué, et, qui, le coeur repenti, en demandent pardon". Cette catégorie inclut les médecins et les membres des familles qui obligeraient une femme à avorter. Pour ces femmes, "le pardon de Dieu à quiconque s'est repenti ne peut être nié", ajoute le pape, d'autant plus, dit-il, si celles-ci demandent à recevoir le sacrement de confession.

François exprime sa sensibilité particulière à ce "drame" : "Le drame de l'avortement est vécu par certains avec une conscience superficielle, qui semble ne pas se rendre compte du mal très grave qu'un tel acte comporte". Mais, ajoute-t-il, "beaucoup d'autres, en revanche, bien que vivant ce moment comme un échec, considèrent ne pas avoir d'autres voies à parcourir. Je pense à toutes les femmes qui ont eu recours à l'avortement". Le pape François poursuit, sur un ton inhabituel, pour un souverain pontife : "Je connais bien les conditionnements qui les ont conduites à cette décision. Je sais qu'il s'agit d'un drame existentiel et moral. J'ai rencontré de nombreuses femmes qui portaient dans leur coeur la cicatrice de ce choix difficile et douloureux. Ce qui a eu lieu est profondément injuste", insiste François.

A l'occasion du deuxième anniversaire de son élection, le 11 mars, François avait annoncé l'organisation d'une Année sainte extraordinaire (Jubilé), du 8 décembre prochain au 20 novembre 2016. Elle verra affluer des millions de pèlerins à Rome, mais aura aussi lieu dans tous les diocèses du monde. En mai dernier, Mgr Fisichella avait déjà annoncé que l'avortement ferait partie des péchés pouvant être pardonnés pendant le Jubilé, mais en indiquant qu'un nombre de prêtres limités, "missionnaires de la miséricorde", seraient habilités à accorder ce pardon dans le monde. En vertu du droit canon de l'Eglise, l'avortement est une faute particulièrement grave punie d'excommunication automatique, à moins qu'il n'ait eu lieu sous la contrainte. Le pape ne cesse de condamner l'acte lui-même. Des évêques peuvent déjà autoriser certains ou tous les prêtres de leur diocèse à pardonner cette faute, au cours d'événements religieux particuliers.


Source : lequotidiendumedecin.fr