PDS : le nombre de volontaires stagne mais la situation dans certains départements est critique, selon l'Ordre 

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Publié le 04/04/2018
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Crédit photo : VICTOR HABBICK VISIONS/SPL/PHANI

La participation des généralistes à la permanence des soins ambulatoire s'est stabilisée en 2017 après plusieurs années d'érosion du volontariat, selon le dernier rapport de l’Ordre des médecins sur le sujet. Dans 61 départements, le pourcentage des praticiens volontaires était supérieur à 60 % l'an dernier. Ce pourcentage était atteint dans 60 départements en 2016 et dans 66 en 2015.

Pour autant, relève l'Ordre, ce taux de participation cache de fortes disparités à l’intérieur même des départements. Par exemple, la Haute-Vienne présente un taux de participation de 80 % dans les secteurs ruraux et 20 % dans les secteurs urbains.

De plus, ce chiffre du volontariat ne permet pas de rendre compte des difficultés à assurer la PDSA dans les départements de faible densité médicale. En Dordogne, dans le Gers ou dans le Lot, les taux de participation sont supérieurs ou égaux à 80 %, mais même avec la participation de presque tous les médecins du département, certains secteurs ne peuvent être couverts à certains horaires.

Ce qui fait dire à l'Ordre qu'il ya « urgences à réorganiser la PDSA ». L'Ordre observe que la tendance constatée depuis plusieurs années d’une dégradation lente et progressive de la permanence des soins ambulatoire se confirme. « La situation dans certains départements est d’ores et déjà critique, et elle le deviendra dans d’autres territoires si aucun changement n’intervient en termes d’organisation ou de fonctionnement de la PDSA. »

Plus de réquisitions en 2017

Le rapport de l’Ordre fait état en 2017 de 248 territoires, répartis dans 33 départements, où la PDS est assurée par maximum cinq médecins. C’est moins qu’en 2016 (263) ou en 2015 (277), mais cette baisse s’explique pour le regroupement de secteurs, ce qui veut dire plus de médecins mais aussi plus de territoires à couvrir. En 2017, le pays est donc divisé en 1 579 territoires de PDSA en soirée de semaine, contre 3 770, début 2003, soit une baisse de près de 60 % en 14 ans. Pour le week-end, le nombre de secteurs est stable par rapport à l’année dernière. En revanche le nombre de secteurs couverts continue de diminuer en nuit profonde (minuit-08h00) avec 19 territoires en moins, soit une baisse de 11 % en deux ans. Bien que très marginales, les réquisitions ont augmenté en 2017, 24 départements ont été obligés d’en déclencher, trois fois plus qu’en 2016.

Les centres de santé doivent s'y mettre

Afin d’augmenter le nombre de volontaires, l’Ordre rappelle que les médecins retraités et remplaçants devraient normalement pouvoir participer à la PDS en leur nom propre avec feuilles de soins et/ou leur carte CPS mais que la situation est toujours bloquée dans certains départements pour l’obtention de l’un ou de l’autre. Le CNOM souligne aussi qu’il n’existe plus aujourd’hui d’obstacles financiers ou réglementaires à la participation des médecins des centres de santé, mais que ceux-ci ne se montrent pas encore très volontaires sur le sujet. « Le volontariat ne peut plus reposer uniquement sur les médecins généralistes libéraux, en particulier ceux qui sont installés (…) mais les centres de santé ne sont pas nécessairement favorables à ce que le temps de garde s’impute sur le temps de travail que le médecin doit consacrer au centre », souligne le rapport.

Régulation : remplaçants et retraités à la rescousse

Si le nombre d’effecteurs se maintient, celui des régulateurs baisse : 2 572 médecins libéraux installés en 2017 contre 2 666 en 2016. Mais la participation des retraités et remplaçants, 272 en tout pour 2017, permet à la régulation libérale d’être en fait en légère hausse. La Guyane, Mayotte, les Ardennes, la Haute-Marne et la Lozère sont les seuls départements ne disposant toujours pas de régulation libérale organisée. Le nombre de régulateurs est stable le dimanche et en soirée et diminue en nuit profonde, 36 départements n’ont ainsi pas de régulation libérale en nuit profonde. De plus en plus de médecins ne travaillant pas le samedi matin, la demande de régulation se fait plus forte sur cette tranche horaire dans de nombreux départements. « Comme il n’y a pas d’effection organisée le samedi matin (excepté dans l’Indre), la situation devient problématique car les régulateurs ne sont en mesure d’apporter des réponses aux cas qui nécessitent la consultation d’un généraliste. Mettre en place une régulation libérale à certains créneaux horaires sans effection ne saurait être viable », souligne le Cnom qui réclame donc lui aussi que la question soit ouverte pour l’intégration du samedi matin aux horaires de la PDS.

Pour l’effection comme pour la régulation, l’Ordre note aussi de grandes disparités selon les départements. Sans effacer la prise en compte des spécificités d’organisation et de contraintes géographiques, il demande donc qu’il y ait une plus grande équité sur l’ensemble du territoire.

Pas convaincu par le 116-117

Le rapport 2 017 revient également sur le déploiement du numéro 116-117, expérimenté dans trois régions pilotes : la Corse, la Normandie et les Pays de la Loire. « Le recours au numéro est loin d’être un réflexe pour la population des régions concernées par l’expérimentation », reporte le Cnom qui soulignement également que « les patients qui appellent le numéro ne sont pas toujours en mesure de distinguer si leur cas relève de l’urgence vitale ou de la permanence des soins ambulatoires ». Ajouté à cela, la confusion née de la juxtaposition de différents numéros et un manque de communication, l'Ordre émet un avis réservé sur la mise en place du 116-117.


Source : lequotidiendumedecin.fr