Services en grève à l'hôpital : le congrès des urgences s'ouvre dans un climat social tendu

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Publié le 04/06/2019
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Le mouvement de grève aux urgences entamé début mars prend de l'ampleur et le congrès des urgences, organisé cette fin de semaine à Paris, s'ouvre dans un climat de tensions sans précédent. 80 services suivraient désormais le mouvement de grève selon les chiffres communiqués à l'AFP par le Collectif Inter-Urgences.

Soutenue et encadrée par les principaux syndicats hospitaliers (CGT, SUD, FO), la contestation s'est cristallisée autour des revendications traditionnelles sur l'augmentation des salaires et des effectifs. Mais derrière l'effervescence, « le malaise est profond et général », observe le Dr François Braun, chef de service au CHR de Metz-Thionville et président de Samu-Urgences de France, l'un des organisateurs du congrès. L'association avait appelé à un débrayage symbolique de 5 minutes le 28 mai à midi. Plus de 150 services auraient répondu présents selon le syndicat.  

Recrudescence d'arrêts maladie chez les soignants

Un nouveau palier a été franchi ces derniers jours, avec une recrudescence d'arrêts maladie chez les soignants. À Lons-le-Saunier (Jura), « des mesures de réquisition de personnels ont dû être prises par le préfet », indiquait la semaine dernière l'Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté. L'ARS pointait dans un communiqué un « absentéisme soudain dans un contexte de mouvement social », avant d'en appeler à « la déontologie médicale et (au) sens des responsabilités ».

À Paris, l'équipe de nuit des urgences de l'hôpital Lariboisière s'est à son tour mise en arrêt maladie et ne s'est pas présentée dans la nuit de lundi à mardi. « C'est un tournant historique dans le conflit social. Les personnels en ont tellement marre que, d'un coup, ils renoncent », explique Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf).

Présence de la ministre au congrès incertaine

De son côté, la ministre de la Santé Agnès Buzyn n'en tire pas la même analyse de ces arrêts successifs : « C'est dévoyer ce qu'est un arrêt maladie. Je pense que ce n'est pas bien, ça entraîne une surcharge de travail pour les autres », a-t-elle réagi mardi matin au micro de France inter. Déjà, la semaine dernière, elle avait affirmé qu'il n'y avait « pas de solution miracle tant que nous n'avons pas plus d'urgentistes formés dans notre pays », tout en demandant « un effort considérable dans les hôpitaux pour mieux organiser les urgences ». Elle avait proposé d'adosser des maisons médicales de garde aux hôpitaux pour désengorger les services d'urgence (339 MMG ont été recensées par la DGOS en 2018).

La ministre de la Santé est donc plus que jamais attendue au congrès qui s'ouvrira demain mercredi au palais des congrès de la porte Maillot à Paris, dont Le Généraliste est partenaire. Organisé par Samu-Urgences de France et la Société française de médecine d'urgence (SFMU), cet événement ne figure cependant pas à l'agenda de la ministre diffusé ce mardi matin fortement occupé par l'examen au Sénat de la loi Santé. En revanche, une « manifestation nationale » à l'appel du collectif Inter-Urgences partira de Montparnasse vers 13 h 30, en direction du ministère.

Un congrès en écho aux évolutions

Quelque 4 000 congressistes sont attendus au congrès à partir de demain. Une place particulière sera faite à la nouvelle génération de soignants avec des interventions sur la nouvelle formation initiale des Assistants de régulation médicale (ARM) ou encore sur l'évolution du DES de médecine d'urgence. Le congrès est aussi l'occasion de faire le point sur les avancées du métier et les réformes en cours. Les urgentistes comptent bien y défendre un numéro unique d'appel santé alors que le ministère de la Santé doit encore trancher sur un éventuel numéro unique de régulation pour les secours (police pompiers santé) le 112. L'impact de la loi Santé sur les services d'urgence fera également l'objet de plusieurs discussions. Programme complet disponible sur urgences-lecongres.org.


Source : lequotidiendumedecin.fr