Comment analyser l’émergence ces derniers mois de l’UFML ?
L’UFML a pour origine « les médecins pigeons » et s’inscrit dans un contexte, l’automne 2012, où d’autres mouvements se sont créés comme celui des « entrepreneurs pigeons ». Elle est apparue à l’occasion de l’avenant sur les dépassements d’honoraires. On est dans un phénomène assez classique de contestation qui déborde le cadre syndical et auquel on a déjà assisté, à plusieurs reprises, avec les coordinations, à la fin des années 80, puis début 2000, pour le C à 20 euros. On remarque d’ailleurs que la gauche était au gouvernement à chaque fois que ce type de mouvements a émergé. Dans la continuité d’autres organisations, le nom « UFML » fait référence à la médecine libérale et est assez proche de celui du syndicat de la médecine libérale (SML), apparu après la création du secteur 2. L’UFML se définit comme le plus ardent défenseur des principes de la charte de 1927, que les autres syndicats auraient abandonnés. Cela s’est notamment vu lors de son opposition au tiers payant.
À votre avis, quel créneau peut occuper l’UFML demain en tant que syndicat ?
L’UFML se positionne sur un créneau proche d’autres organisations et a conclu, lors des dernières élections professionnelles, un accord avec la FMF de Jean-Paul Hamon, lui-même issu des coordinations. Elle a aussi une certaine proximité avec le SML qui, lui, n’a pas signé la convention. Même si aujourd’hui la FMF prend ses distances à l’égard de la convention, l’UFML a bien pris position contre. Elle ne se distingue pas de façon très nette des organisations existantes, de la FMF, du SML. J’ai un peu de mal à voir ce qui la distinguerait, en dehors du jeu autour de la convention. Toutefois, étant en dehors du système conventionnel et n’ayant aucun lien avec les pouvoirs publics, l’UFML peut se positionner comme étant plus radicale.
Quel peut être l’avenir de l’UFML ?
L’exemple des coordinations précédentes montre qu’elles ont intégré des organisations existantes : celles des années 80-90 ont plutôt rejoint le SML, celles des années 2000 la FMF et l’ont renforcée. Partant de là, difficile de prévoir la stratégie que suivra l’UFML : une place marginale de nouvelle organisation ou s’alliera-t-elle avec une autre déjà existante ?
*Professeur de Sciences politiques à l'université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines.
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