L'adjoint au médecin libéral, premier pas vers l'installation ?

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Publié le 20/02/2017
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ADJOINT

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Crédit photo : PHANIE

Un véritable marchepied vers l'installation.

C'est ainsi que l'on pourrait qualifier le contrat d'adjoint au médecin libéral mis en place par arrêté préfectoral le 9 janvier dernier en Eure-et-Loir. Ce statut résulte d'un travail de longue haleine de l'ARS du Centre Val-de-Loire, de l'Ordre départemental, de l'assurance-maladie, des élus locaux et des médecins, qui le réclament depuis 2015.

Ils ont finalement obtenu gain de cause en novembre 2016. Lors des débats sur le dernier budget de la Sécurité sociale, Marisol Touraine a en effet étendu aux déserts médicaux le statut d'adjoint au médecin – créé en 1972 mais jusqu'ici réservé à des zones déterminées, connaissant « un afflux exceptionnel de population » comme les endroits touristiques. Selon l'Atlas démographique régional établi par l'Ordre des médecins en 2015, la pénurie guette l'Eure-et-Loir dont la densité médicale est de 103 généralistes pour 100 000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 132 pour 100 000.

Désormais, les internes en médecine générale non thésés qui ont validé la totalité de leur deuxième cycle d'études médicales, et leurs semestres de spécialité de troisième cycle, notamment leur stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée (SASPAS), peuvent donc devenir les adjoints d'un médecin de ville en Eure-et-Loir.

« Ces internes ayant terminé leur cursus sont des médecins, à la seule différence qu'ils n'ont pas passé leur thèse, explique le Dr Benoist Janvier, généraliste dans une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) à Dreux et acteur du projet. Le but est donc de les faire travailler entre un et trois jours par semaine, et de leur laisser du temps pour finir leur travail de recherche. »

Découvrir la gestion du cabinet

Ce nouveau contrat d'un an renouvelable se différencie des statuts du collaborateur ou associé, proposés aux praticiens thésés. Et contrairement à l'activité de remplaçant, l'adjoint au médecin exerce en même temps que ce dernier et prend en charge ses propres patients. Il est rémunéré aux mêmes tarifs et participe aux charges du cabinet. « Dans la MSP où j'exerce, la participation de l'adjoint aux charges est de 75 euros par jour, ce qui inclut le local, le chauffage, l'électricité etc., précise le Dr Janvier. C'est une mise en situation réelle face à l'exercice libéral, qui peut déboucher ensuite sur une association. »

La mesure est plutôt bien accueillie par les syndicats de jeunes généralistes et d'internes. « C'est très bien pour les médecins qui ont un projet d'installation bien ficelé, à condition que l'Ordre vérifie bien que le praticien, pas encore thésé, est capable de prendre en charge les patients », commente le Dr Sophie Augros, présidente du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR).

« Un forfait journalier pour participer aux charges peut être intéressant, par rapport au remplacement, où le médecin libéral rétrocède 70 à 80 % des honoraires réalisés en son nom, souligne de son côté Stéphane Bouxom, porte-parole de l'ISNAR-IMG, l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale. Cela permet de découvrir et de mieux appréhender la gestion d'un cabinet en libéral. »

En revanche, l'ISNAR-IMG rappelle que l'exercice en tant qu'adjoint « ne doit pas se faire au détriment de l'écriture de la thèse, qui prend du temps ».

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9557