L'enquête de Santé Publique France qui a éclairé la concertation citoyenne

Le médecin est le premier vecteur d'information sur la vaccination, avant internet

Par
Publié le 19/10/2017
Article réservé aux abonnés
vaccin

vaccin
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

« Les médecins généralistes sont les principaux interlocuteurs en matière de vaccination », a souligné le Pr François Bourdillon, directeur général de Santé publique France (SPF) lors de la présentation des résultats du volet de l'enquête Baromètre santé 2016 dédié à la vaccination et publié cette semaine dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH »).

Il ressort de cette enquête réalisée chez plus de 15 000 personnes âgées de 15 à 75 ans que, pour 81 % d'entre elles, bien avant internet, « le médecin est une source d'information en laquelle les parents ont le plus confiance », insiste Christine Jestin de SPF. Alors que 22 % des personnes disent avoir refusé un vaccin, le taux de refus grimpe à 50 % quand elles déclarent ne pas avoir confiance en leur médecin, révèle l'enquête.

Des médecins généralistes au rendez-vous

C'est la raison pour laquelle ce numéro spécial vaccination s'ouvre avec les points de vue du Collège de la médecine générale et de jeunes médecins représentés par les internes de santé publique et de médecine générale (CLiSP, ISNAR-IMG). « La meilleure arme contre l'hésitation vaccinale est la conviction et la motivation du prescripteur, écrit le Collège de la médecine générale. Nous serons au rendez-vous ». Pour les y aider, SPF publie un nouveau dossier pédagogique intitulé « Vaccination, la protection collective », le deuxième de ce type. Le site Vaccination-info-service.fr lancé en mars 2017 et salué à la fois par la presse en inspirant les Décodeurs du « Monde » et les plus hauts responsables de santé publique (ministre de la santé, Pr Alain Fischer) a pour mission de répondre de façon claire et transparente aux questions des usagers. Un espace pro sera ouvert au second semestre 2018, a révélé Sandrine Randriamampianina, responsable du site. 

L'enquête Baromètre santé 2016 révèle également que la défiance vaccinale en France fait l'objet de réticences sélectives contre 3 vaccins, à savoir contre la grippe, l'hépatite B et le HPV. Autrement dit, « toutes les vaccinations du nourrisson sont bien acceptées sauf une, contre l'hépatite B », a souligné Christine Jestin de SPF.

L'obligation, un engagement nécessaire de l'État

Environ trois quarts des personnes interrogées se sont déclarées favorables à la vaccination. Néanmoins, des chiffres inquiètent, notamment le fait que 13 % des parents ont répondu ne pas faire vacciner leur enfant en cas de levée de l'obligation pour le DTP. L'étude de SPF fait également ressortir que les moins favorisés se feraient moins vacciner en cas de levée de l'obligation.

« Il a été observé une perception positive des vaccins considérés comme obligatoires », explique Christine Jestin. Quand les vaccins sont recommandés, ils sont considérés comme facultatifs avec un fort questionnement sur l'utilité, l'innocuité et l'efficacité des vaccins recommandés, est-il expliqué. « L'obligation vaccinale est associée à une perception de l'engagement de l'État, a poursuivi Christine Jestin. Livrer la population à ses propres choix est ressenti comme un désengagement de l'État et de ses responsabilités. L'obligation vaccinale est un gage d'équité dans l'accès aux soins ».

Pour le Pr Daniel Lévy-Bruhl, qui signe dans ce numéro spécial un article consacré à la nécessité d'une couverture très élevée chez les nourrissons, « il y a bien urgence sanitaire », contrairement à ce qui a pu être opposé, notamment par le Collège national des généralistes enseignants (CNGE). Deux vaccins chez le nourrisson ont des couvertures vaccinales insuffisantes aujourd'hui, le vaccin contre le ROR (91 % pour la 1re dose, 79 % pour la 2nde) et celui contre le méningocoque C (70 %). 

Malgré l'épidémie de 2011, « la couverture contre la rougeole stagne, argumente l'épidémiologiste. Près de 400 cas de rougeole ont été recensés en 2017 et une jeune fille de 16 ans est décédée. Entre 2011 et 2017, plus de 300 cas à méningite C ont été déclarés. Près d'une centaine de décès aurait pu être évitée, de même que les séquelles à vie lourdes retrouvées chez un quart des survivants. C'est un fardeau inacceptable dans un pays comme la France ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin: 9611